Mai 5, 2006 - Côté professionel    No Comments

Le collège, dernier maillon…

… le maillon faible ????

… » Mais, dès le départ, le projet fut marqué par une ambiguïté constitutive : fallait-il faire un « super école primaire » ou un « petit lycée » ? Fallait-il y placer des instituteurs polyvalents ou des professeurs spécialisés ? Le débat n’a jamaisété tranché clairement »…Philippe Meirieu, lettre à un ami ministre (Luc Ferry).

Dernier maillon constitutif de notre système éducatif, le collège, issu de la fusion progressive de l’école primaire supérieure et des petits lycées… devenu collège à part entière puis tendant vers le collège unique … n’en finit plus de se chercher…
Au début du XXème siècle l’enseignement se caractérise encore par l’existence d’ordres distincts (primaire, secondaire, supérieur).
Pour chacun une « clientèle » différente, des établissements différents, des corps d’enseignants spécifiques et des objectifs différents…
Le collège va naître du rapprochement de deux structures primaire et secondaire
– d’un côté, Issue de l’école primaire : l’école primaire supérieure,
–  de l’autre côté les « petites classes des lycées
L’Ecole Primaire Supérieure était destinée à démocratiser la formation de l’élite républicaine et préparer, notamment, les futurs candidats pour l’Ecole Normale d’instituteurs,l’école primaire supérieure de Cluny [1]Les enfants des classes aisées de la société entraient à 5 ans dans les lycées, se présentaient douze ans plus tard au baccalauréat puis entraient dans l’enseignement supérieur. Ascenseur républicain : le concours des bourses permettait au sujet d’élite d’intégrer le lycée … voir Marcel Pagnol, souvenirs d’enfance…
Les tentatives de réformes sont nombreuses (une quinzaine !) sous la III ème République, une des plus importantes est à mettre au crédit des « Compagnons de l’Université Nouvelle » qui souhaitaient la création d’une « école unique ».
Mais on peut également citer des intiatives gouvernementales : Jean Zay en particulier [2]La période de Vichy est contrastée, si l’on note un retour sur la gratuité pour les études secondaires, c’est néanmoins en 1941 que l’on assiste à l’intégration complète des écoles primaires secondaires dans l’enseignement du second degré et leur transformation en collèges « modernes ».
Le lycée se prévalant de la suprématie de l’enseignement »classique »Le plan Langevin Wallon dans l’immédiate après guerre : c’est en 1944 que le ministre de l’Education Nationale, René Capitant charge une nouvelle commission de préparer une réforme complète de l’enseignement français. Elle a très vite porté le nom de son premier président Paul Langevin puis après la mort de celui ci(décembre 46) de son successeur Henri Wallon.Dubet et Meirieu : une lecture du plan langevin Wallonprojet Langevin WallonLe rapport Langevin-Wallon, Suivi de « Tout a été dit. Tout reste à faire » et de « Que reste-t-il du plan Langevin-Wallon ? »
L’appartenance de ces deux hommes au parti communiste français a, dans le climat de guerre froide naissante, fortement pesé et discrédité leurs travaux. Non seulement le plan Langevin Wallon ne fut jamais appliqué mais il ne fut même  pas discuté à l’assemblée nationale…
1959 : réforme Berthoin L’obligation scolaire est portée à 16 ans. Les cours complémentaires (des écoles primaires) deviennent des collèges d’enseignement général (CEG). – Mon père instituteur au départ devient à cette époqueprofesseur de CEG…
réforme Fouchet (1963 et 1964) : Création des CES, suppression de l’examen d’entrée en sixième.1975 : la loi Haby instaure le collège uniqueLe Collège de l’an 2000 : rapport à la ministre déléguée chargée de l’enseignement scolaire (Collection des rapports officiels)Collège de l’an 2000

 

[1] rappel 1833 : Loi Guizot, naissance de l’enseignement primaire public : une école normale par département, une école primaire supérieure dans les communes de plus de 6 000 habitants, une école primaire par commune.[2]L’école du peuple, c’était ses classes primaires, élémentaires puis supérieures qui débouchaient au mieux vers les concours de la fonction publique.
Le lycée, avec ses « petites classes » que suivaient les parcours dans le secondaire, puis le supérieur, c’était l’école de la bourgeoisie. Ordres étanches, qui limitaient les chances de promotion des enfants du peuple et protégeaient ceux des familles bien nées de la concurrence de masse qu’entraînerait la démocratisation  du secondaire.
Le projet de Jean Zay était de substituer à ce système, à vrai dire peu conforme aux principes libéraux et républicains, un enseignement unifié en degrés successifs, avec étapes d’ « auscultation », permettant à tout élève de s’orienter en fonction de ses capacités, et non de ses origines. La démocratisation des bourses d’étude devait permettre de gommer les inégalités dues aux seules ressources financièresdes familles.
Comme toute réforme du système éducatif, un tel projet ne pouvait faire moins que provoquer les réactions des positions établies, car derrière une réforme du système éducatif c’est toujours un projet de société qui se dessine.
Cerné par les conservatismes, Jean Zay échoua le 5 Mars 1937 devant un parlement rétif, et amorçât sa réforme parla voie réglementaire. Les enseignants du secondaire craignaient pour leur prestige, et la droite conservatrice n’a jamais vraiment goûté l’ouverture des lycées Parisiens aux enfants d’ouvriers.
Il n’empêche, l’école démocratique et républicaine était née, son élan sera complété plus tard, et c’est à Jean Zay que nous devons d’avoir mis un terme à une organisation qui institutionnalisait l’école de classe, et faisait obstacle à toute mobilité sociale ; c’est un héritage immense et précieux.

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dacosavoile

 
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