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Sep 24, 2012 - Côté personnel    6 Comments

Ton truc ça marchera jamais !

Toi qui aime lire tu devrais essayer la liseuse, c’est très pratique, tu peux charger plein de bouquins  dans une seule petite liseuse, la glisser dans une poche : vraiment commode !

Toi qui aime lire tu devrais essayer le livre, c’est très pratique, tu peux copier plein de tablettes de marbre dans un  seul petit livre, le glisser dans tes braies: vraiment commode !

Oh non, moi jamais, ! J’ai besoin de l’odeur du papier, rien ne remplacera jamais un livre ,c’est un bel objet !

Oh non, moi jamais ! J’ai besoin de l’odeur du marbre, rien ne remplacera jamais une tablette de marbre gravée, c’est un bel objet !

Et ben, mais pendant que tu lis sur ta liseuse, respire une feuille de papier ??

Et ben mais pendant que tu lis ton livre, respire de la poussière de marbre??

Et puis tu sais, ton truc, ça tombe en panne et pffuittt plus rien !!! Tandis que mon livre … pas de danger qu’il me laisse en rade!!!

Et puis tu sais, ton truc, ça se fait bouffer par les rats et ça brûle et pffuittt plus rien !!! Tandis que ma tablette de marbre gravée … pas de danger qu’elle  ne s’efface comme ça !

Oui mais bon, regarde toi qui voyage beaucoup avec Easy Jet, tu mets 1000 bouquins dans ton sac à main…Sinon bonjour le supplément de bagages !!!

Oui mais bon, regarde toi qui voyage beaucoup en char à bœufs, tu mets 1000 tablettes de marbre dans ta besace…Sinon bonjour le nombre de char à bœufs qu’il faut rajouter au convoi pour tout transporter !!!

Oui bof… Ton truc ça ne marchera jamais …

Juin 26, 2012 - Côté personnel    1 Comment

Postavarul rectified

Puisque voici l’été je m’en vais vous conter une petite histoire de ski, histoire de rafraîchir l’atmosphère.

Gamin, très tôt, j’avais décrété que le ski c’était de la foutaise et que par conséquent je n’y foutrais jamais les pieds.

Olivier et Maman sur les skis et moi sur la luge au Mont Dore en 1967

Manoeuvre de retournement…

Passe encore la luge dont notre père avait construit un singulier modèle. En effet cette luge avait une particularité : partie du haut de la pente, après avoir acquis une certaine vitesse initiale, à l’instar de la fusée lunaire de Tintin, l’engin entamait une manœuvre de retournement à mi pente et terminait systématiquement sa course à l’envers. Tel un rameur sur la Marne, le canotier en moins, nous achevions de dévaler la pente en marche arrière, de dos, le regard fixé sur le sommet au grand péril des clampins se retrouvant sous la menace d’un bolide que les pilotes la tête rentrée dans les épaules et serrant des dents ne pouvaient pas voir (ni éviter…).

Les années passaient, mon frère partait régulièrement pour des séjours de ski dont il revenait étoilé et moi je tenais bon, bien décidé à ne pas me risquer sur ces planches redoutables fixées à des chaussures orthopédiques qui me paraissaient des plus suspectes.

Et puis passe passe le temps, me voici à l’École Normale. Deux facteurs allait bousculer les choses et me faire vaciller dans mes convictions.

D’une part ma chère et tendre était une skieuse hors pair et d’autre part une sortie organisée dans le cadre de nos cours de sport nous avait conduit sur les pentes très modérées du massif du Pilat où j’avais chaussé pour la première fois des skis de fond.

Le ski de fond permet de donner le change.

Le bon skieur se retrouve gros Jean comme devant au premier virage où la sorte de pince à linge qui sert de fixation à la facétieuse tendance à libérer le pied du ski provocant une chute amusante pour le reste de la troupe et fort irritante pour le skieur alpin confirmé qui ne retrouve pas la tenue de ses chaussures orthopédiques. Quant au débutant que je suis, il est facile de faire illusion en se contentant de traîner les pieds sur le plat, les planches bien coincée dans la trace. Pour les descentes et les virages, aucun problème, tout le monde se cassant la gueule en râlant ou en rigolant ou goguenard, c’était selon…

Bref jeune adulte et toujours ouvert sur le progrès et l’évolution j’allais devenir un skieur.

Évidemment, ayant maîtrisé le ski de fond, le passage au ski alpin allait de soi. Et nous voilà dans un magasin de sport lyonnais où un habile vendeur m’équipe de skis révolutionnaires de type compacts « qui tournent tout seuls » (dixit l’escroc)…

Equipé de pied en cap je me retrouve donc par un beau jour ensoleillé juché sur un télésiège à Chamrousse qui monte qui monte, qui monte …

Vue de haut, la pente est bien agréable, le relief écrasé, les bosses fort aimables, les petits skieurs déboulent gentiment avec de jolies traces … Et le télésiège monte toujours…

Ah misère !

Jeté du télésiège comme un sac de patates, grâce à des moulinets des bras et des bâtons je m’immobilise sans tomber en haut de la pente. Immédiatement celle ci s’avère beaucoup plus inquiétante, et étrangement longue, la voiture garée au pied un tout petit point bien lointain. Une angoissante verticalité semble sortir d’une brume irréelle. Un étrange sentiment de malaise s’instille peu à peu…

Et vogue la galère…

Ah misère de misère…

Naturellement ces foutus skis refusent obstinément de tourner, le cul bien en arrière, j’essaie désespérément de fléchir la jambe comme me le braille ma monitrice . Oui tiens, tu parles… vlan me voilà le nez dans la poudreuse et va t’en te relever dans cette saloperie de neige avec ces foutues planches qui bizarrement faute de tourner ont tout de même réussi à se croiser.

Début d’un long calvaire… Plante le bâton, plante le bâton….

Ah oui, je le planterais bien le bâton mais pas dans la neige, non dans le bide de cette enflure de vendeur, cet escroc malfaisant, ce menteur… Oh putain oh merde voilà que ça accélère mais où sont les freins ??? Fléchis fléchis…. tu parles … enfer et damnation pas d’autre solution que de provoquer la chute avant que de passer le mur du son. Vlan de nouveau le groin enfoui dans la neige. Et l’envie de meurtre qui monte, qui monte, à commencer par le vendeur, une fois éventré par le bâton lui écraser la figure à coup de ces saloperie de godasses …

Trente mètres de pente dévalés, trente chutes, reste plus que deux bornes pour parvenir en bas, j’y arriverai jamais avant la nuit… Le désespoir et la rage me gagnent…

Après une demi heure d’effort je parviens à me libérer de ces saloperies de planches ! Ah ! ah! Je vais descendre à pied !!

… En roooooooooooooute…. et paf me voici enfoncé jusqu’à mi cuisse… Coincé fait comme un rat… en glissant à plat ventre peut être….. fuuiiit c’est parti ! Au moins cinquante mètres de dévalé…. oh non …. c’est pas vrai, j’y crois pas … Regarde moi ça ce crétin de ski qui est resté planté la haut et qui me nargue… Désespoir…

La lumière commençait sérieusement à décliner quand, transi, fourbu, une sourde colère me tordant les boyaux je parvins après des heures d’efforts à regagner la voiture à y jeter ces damnés ski en jurant mes grands dieux que l’on ne m’y reprendrait plus…

Était-ce la fin d’une histoire ??

Vous vous doutez bien que non …

La suite intervient quelques mois plus tard, dans les Carpathes où le service national et le début d’un petit périple sur les grands chemins du monde nous conduit

Bien entendu partis pour travailler dur de l’autre côté du mur, en république socialiste de Roumanie, dans ce monde étrange et inconnu, nous n’avions pas eu l’idée d’emporter des skis dans nos bagages…

Et voilà que sitôt arrivés nos collègues nous assurent que le ski est le loisir unique des mois d’hiver… Vous skiez ? Euh ben …oui …

Alors ni une ni deux, sitôt la saison arrivée et pour une bouchée de pain nous voici équipés de superbes skis en bois, du modèle « Postavarul » . De belles et bonnes planches bien raides, au moins aussi longues que mes skis révolutionnaires et dotés de fixation allemande de l’Est en aluminium gris, copie conformes en miniature des casemates en béton du mur de l’Atlantique. L’ensemble est rustique mais fonctionnel moyennant un calage de la godasse avec du papier cul pour éviter de déchausser en éternuant.

Direction les Carpathes, Sinaïa où l’équipe de l’école française, au grand complet, directeur en tête, loue une superbe villa face au château de Vlad Tépès, Dracula pour les intimes.

Dopé au Murfatlar, un petit pinard bien sympathique, entraîné par le groupe je décidais donc de me colleter de nouveau aux affres de la descente. La montée se faisant en téléphérique pas de problème pour accéder aux pistes.

Hélas, point de miracle, les Postavarul contrecarraient aussi bien que leurs homologues Rossignol toute tentative pour changer de direction. Heureusement les fixations kalité allemande (de l’est) qui lâchaient au moindre choc me permettaient de sauver la face : « Ah merde ! Foutu matériel » si seulement j’avais mon matos laissé en France, vous verriez les copains …

N’empêche qu’intérieurement je ruminais un plan despéré pour me sortir de ce piège à rat… En fait tout le problème venait de derrière… A chaque tentative de virage je sentais bien que la difficulté venait de l’arrière… De ces ski beaucoup trop longs… derrière.

Et c’est ainsi qu’après une dernière lampée de Murfatlar la lumière fut et que la solution m’apparut dans un éclair de lucidité géniale…

Sitôt rentré à Bucarest j’annonçais que j’avais trouvé une solution et qu’on allait voir ce qu’on allait voir : j’allais scier mes skis et les réduire de moitié histoire de virer tout cet arrière train source de mes malheurs.

Concert de protestation « non mais t’es pas un peu marteau, ça ne se fait pas de couper des skis, l’équilibre, la stabilité … Tout ça »…

Tu parles Charles, au point où j’en étais, foutu pour foutu, on allait voir ce qu’on allait voir.

Et c’est ainsi que muni d’une scie égoïne je découpais un généreux tronçon de mes Postavarul que je baptisais illico « Postavarul rectified » à l’aide d’un petit pinceau et de peinture blanche… Le soucis du détail…

Et bien croyez moi si vous voulez mais équipé de mes Postavarul rectified, de mes fixations allemandes de l’est renforcées au PQ : JE FAISAIS ENFIN MES DEBUTS EN SKI ALPIN !

Inaugurant une nouvelle technique, le chasse neige TGV, (chasse neige à très grand vitesse), au grand dam des puristes de la godille au cul pincé et au style serré, je dévalais les pentes bras écartés, popotin bien en arrière, secoué comme l’autorail entre Saint Etienne et le Puy mais capable de m’arrêter dans un virage dérapage des plus efficaces…

Le style était certes particulier mais je parvenais à virer et ce faisant à sauver ma peau et mon honneur.

 

Juin 23, 2012 - Côté personnel    No Comments

Parenthèse de la vie Twitter…

Parfois surgie de Twitter, la tribu Jamois se matérialise l’espace d’un instant pour quelques heures de temps partagé.

Ils arrivent de partout d’une traversée des Alpes, d’une ville française improbable, de la guerre, d’un TGV parisien, que sais-je encore, à chaque fois c’est pareil et pourtant tout est différent.

Alors des cartons, des valises, des trucs et des machins dégorgent des voitures transformées en camionnettes de déménagement. L’espace d’un instant, la cour se transforme en plate forme logistique et la maison, bonne mère, avale et digère lentement les colis et les paquets pour un stockage long ou un transit temporaire.

Dans un coin du jardin il y a maman qui pique et y’a papa qui tond.

Charlotte fronce le nez plongée dans ses papiers et ses bouquins. De grands cris de veaux adolescents ponctuent les chamailleries des garçons, jamais les mêmes en même temps.

Des kayaks stationnent dans la cour à côté d’une baignoire et bientôt les grillades finissent de griller dans le barbecue, sans histoire, car c’est tout ce qu’on leur demande. Un lascar se dévoue pour remonter de la cave des bouteilles de vins, du blanc, du rouge et du rosé c’est fête !

Comme d’habitude, la table du salon est encombrée par une demi douzaine d’ordinateurs sans compter les tablettes et les téléphones qui vibrent ou sonnent de temps en temps.

Jim extrait des châles et des casquettes d’un malle venue d’Afghanistan ainsi que des choses curieuses, des épices, des tapis un journal de guerre.

Des images de montagnes lointaines, de vallées poussiéreuses d’hélicoptères, de blindés et de combattants clignotent dans la petite lucarne d’un ordinateur. Le vétéran raconte sa campagne d’Afghanistan, c’est presque comme à la télé sauf que là, on connait bien un des acteurs…

Jim raconte sa guerre...

Le temps s’étire paresseux et rapide à la fois, le dimanche après midi est vite là. La cour s’est vidée, les bagages sont bouclés et les oiseaux s’envolent seuls ou par groupe.

Les volets sont fermés, l’eau, l’électricité et le gaz coupés, un dernier tour de clé et je m’en vais à mon tour.

Un coup d’oeil sur mon téléphone, les premiers messages commencent à tomber envoyés  par ceux qui sont déjà arrivés quelque part.

La vie Twitter reprend son cour normal…

 

 

 

Avr 1, 2012 - Côté personnel    No Comments

Sur la trace des fées

Après une longue randonnée dans les sous bois, les prés, les chemins et les petites routes de campagne… Quand le soleil commence à décliner, que les ombres s’allongent et que l’angélus d’ un village lointain tinte dans la vallée…
J’arrive enfin au dolmen de la Tuile des fées

La tuile aux fées

Jadis, avec Pierre et Gladys
On les voyait passer en robe blanche
Au ruisseau qui traînait nos rêves
Vers un écrin de joie
Nous suivions la trace des fées
C’était au mois de mai

Vole, blonde tête folle,
On les voyait quitter leur robe blanche
Un torrent de cheveux dorés
Léchait nos yeux de soie
Nous étions sur la trace des fées
C’était au mois de mai

J’étais le prince sur son carrosse
Ma muse pleurait aux étoiles
Puis je redevins le chien.

Jadis, cachées sous les fleurs de lys
On les voyait flâner en robe blanche
Au pays où la bise enlace les gens aux mille pleurs
Nous suivions la trace des fées
C’était au mois de mai

Vole, vole, blonde nympholle
On les entendait rire en robe blanche
Et le gazon du parc s’imbibait à nos pieds d’enfant
Nous étions sur la trace des fées
C’était au mois de mai

sur la trace des fées

Les potins de la commère

Ah les joies du courrier ! Ah les délicates attentions d’un voisinage aimable ! Oh délices de la copropriété et de la vie en société…

Marc Jamois,

32 avenue XXXXX, le Languedoc

43000 Le Puy en Velay

à,

Monsieur XXXXXX, syndic de copropriété

Agence XXXXX Immobilier

X, rue XXXX

43000 Le Puy en Velay

Le Puy en Velay le 27 mars 2012.

Monsieur,

 

J’accuse réception ce jour de votre courrier du 23 courant qui, je l’avoue, me laisse quelque peu perplexe…

D’un naturel calme, vivant seul, ne donnant pas de dîner en ville, ne disposant pas d’appareil susceptible de diffuser une quelconque source musicale, ayant par ailleurs renoncé à jouer à la pétanque dans mon salon ainsi que depuis peu à l’élevage d’un cochon dans ma baignoire, je m’interroge sur l’origine de ces « nuisances sonores » nocturnes sensées provenir de mon appartement et dont vous aurez l’amabilité de m’indiquer la nature exacte.

Je vous précise par ailleurs que, très étrangement, j’occupe mes nuits à dormir mais qu’effectivement des troubles liées à un somnambulisme non encore détecté pourraient expliquer ce vacarme mystérieux. Aussi je compte sur votre diligence et votre excellente connaissance de la ville du Puy en Velay pour m’indiquer un spécialiste des maladies du sommeil que je m’engage à consulter au plus tôt.

 

En vous remerciant pour l’excellente rigueur morale que vous contribuez à maintenir dans cette résidence, je vous prie d’agréer, Monsieur le syndic, l’expression de mes sentiments distingués.

 

 

MJ

 

Mar 4, 2012 - Côté personnel    No Comments

Un chemin de fer pour Modestine…

Voyager n’a de sens que si l’on y consacre du temps… Le temps du voyage ne saurait être un temps perdu.


Aussi lorsque me vient l’envie d’une brève escapade en direction des Cévennes toutes proches, la première idée qui me passe par l’esprit c’est évidemment d’emprunter le chemin de Stevenson. Mais la perspective de m’encombrer d’un bourricot, ne  fût ce que pour porter mon bardas, ne me réjouit guère… et puis je n’ai qu’un jour… 

Par chance il reste un moyen tout aussi jubilatoire de voyager : le train !

Pas un avion sans aile à très grande vitesse, pas un de ces trains affublé d’un misérable numéro… Non, il est encore des trains qui portent des noms. Si le Mistral ou le Capitole ont été bouffés par le colombin à grande vitesse… par bonheur il existe encore des trains de légende.

Oui mais attention, il faut faire gaffe, tenez par exemple, L’Orient Express serait bien tentant mais, mais … méfi, le risque est grand de se voir zigouiller à la moindre tempête de neige et pas certain qu’Hercule Poirot soit encore disponible pour débrouiller l’affaire.

Le Transsibérien du père Cendrars (1 ) et de Corto Maltese dans le genre  n’est pas mal non plus mais bon sang, c’est un peu loin et pas vraiment ma direction et franchement je n’ai pas grand chose à faire par là bas en ce moment.

Aussi, voyez comme la vie est bien faite et je te le donne en mille Emile, pour les Cévennes, c’est comme chez Casto … y a tout ce qu’y faut : Le Cévenol !

Ah parle moi de ça ! Un train qui chemine pépère du Velay aux Cévennes en se glissant dans les gorges de l’Allier, qu’est ce que tu veux de mieux ?

Et voilà comment je me retrouve embarqué pour un petit voyage de Langeac à Genolhac et retour par ce beau samedi de mars.

… Pourtant l’affaire s’emmanchait mal …

Huit heure trente, guichet de la gare de Langeac :

– Un aller retour pour Genolhac s’il vous plait …

– A ben… ll va y avoir du retard, le train est rentré dans une voiture à Brassac les Mines. Je ne peux va dire combien, problement une demi heure, peut être plus…

Voilà ce que c’est que de vouloir jouer les aventuriers, on s’expose au pire… Et puis quand ce ne sont pas les voitures ou de stupides vaches qui bloquent les voies et bien ce sont les rochers, chatouillés par le dégel, qui viennent pertuber le périple…

Si, si…  à peine partis, à peine engagés dans les gorges,  le convoi  stoppe dans un crissement de freins et une escouade composée du contrôleur, du mécanicien et d’un costaud de service  descend du train pour pousser l’importun rocher dans le précipice.

Enfin que dire de plus ? Qu’après les embarras du matin le train est arrivé à bon port. Que la gastronomie cévenole en vaut une autre. Que le trajet du retour s’est déroulé sans problème.

Sinon qu’à quarante kilomètre heure dans les gorges de l’Allier on a bien le temps de se délecter du paysage.

Les orgues basaltiques  plongent dans la rivière dans un accord parfait. Par endroit les eaux sont encore prises pas les glaces, l’hiver peine à laisser sa place au printemps. Des villages aux maisons de pierre et aux églises aux clochers à peigne surgissent aux détours de la voie. Des cascades bouillonnent dans la gorge, la végétation est encore engourdie par le froid, des plaques de neige s’incrustent dans l’ombre de l’ubac de la vallée.

Perchés sur les sommets des vestiges de châteaux et de tours de guet surveillent les défilés et les ponts. Nul doute que dans les temps anciens les voyageurs et les marchands devaient s’acquitter de  substantiels droits de péages pour les franchir…

Le train lui continue sa route…

Et ainsi va la vie tranquille dans ces montagnes sauvages et apaisées tandis que la bouillotte du monde siffle sur le réchaud de l’Internet que la course à l’exotisme n’en finit plus de péter plus haut que son …

… que la partie charnue du dos où celui perd son nom.

………………….

(1) En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares (…)

Blaise Cendrars. Prose du Transibérien

….

et des photos…

Fév 14, 2012 - Côté personnel    No Comments

14 février … trece timpul…

Marie

O mon jardin d’eau fraîche et d’ombre
Ma danse d’être mon coeur sombre
Mon ciel des étoiles sans nombre
Ma barque au loin douce à ramer
Heureux celui qui devient sourd
Au chant s’il n’est de son amour
Aveugle au jour d’après son jour
Ses yeux sur toi seule fermés

Heureux celui qui meurt d’aimer
Heureux celui qui meurt d’aimer

D’aimer si fort ses lèvres closes
Qu’il n’ait besoin de nulle chose
Hormis le souvenir des roses
A jamais de toi parfumées
Celui qui meurt même à douleur
A qui sans toi le monde est leurre
Et n’en retient que tes couleurs
Il lui suffit qu’il t’ait nommée

Heureux celui qui meurt d’aimer
Heureux celui qui meurt d’aimer

Mon enfant dit-il ma chère âme
Le temps de te connaître ô femme
L’éternité n’est qu’une pâme
Au feu dont je suis consumé
Il a dit ô femme et qu’il taise
Le nom qui ressemble à la braise
A la bouche rouge à la fraise
A jamais dans ses dents formée

Heureux celui qui meurt d’aimer
Heureux celui qui meurt d’aimer

Il a dit ô femme et s’achève
Ainsi la vie, ainsi le rêve
Et soit sur la place de grève
Ou dans le lit accoutumé
Jeunes amants vous dont c’est l’âge
Entre la ronde et le voyage
Fou s’épargnant qui se croit sage
Criez à qui vous veut blâmer

Heureux celui qui meurt d’aimer
Heureux celui qui meurt d’aimer

Louis Aragon

 

Fév 10, 2012 - Côté personnel    5 Comments

Ma petite banane de Proust…

Narguant le réchauffement planétaire, le froid  s’est abattu sur nos villes et nos campagnes. Le paysage se fige, les rivières sont prises par les glaces, le gasoil s’épaissit dans les réservoirs des véhicules… les déplacements se font plus difficiles, la gelure peu à peu nous engourdit.

Billevesées quand on songe au grand « hyver » de 1709 !  Moins 30° à Paris, la Seine totalement gelée ne permet aucune navigation, les vivres ne parviennent plus à la capitale. Au château de Versailles, Louis XIV lui même se voit contraint d’attendre que son vin daigne bien dégeler près du feu, ce dernier se figeant rien qu’en traversant une antichambre…

Calfeutré dans mon nid d’aigle de l’avenue Foch que je peine à réchauffer, je songe en terminant mon repas du soir… Mais d’où vient cette banane qui me tient lieu de dessert ?

Fruit du soleil et des tropiques échoué dans cette contrée gelée… pourquoi cette banane ravive d’un coup tant de souvenirs ?

Il me revient en mémoire notre jardin de Dar Es Salaam et ses petites bananes que nous ne mangions jamais, boulottées qu’elles étaient à peine mures par le jardinier. Nous ne faisions pas d’histoire, Marie rapportait du marché des paniers entiers de légumes et de fruits tous plus beaux les uns que les autres … et puis on racontait tant d’histoires sur ces petits serpents noirs cachés au coeur des régimes et qui, s’ils vous mordaient, vous faisait passer de vie à trépas en quelques minutes.

Dans le jardin une demoiselle nommée Charlotte  se balançait sur une balançoire de bois , Timy à quatre pattes grattait la terre d’Afrique et Jean-Marie mal éveillé de sa sieste couinait au seuil de la maison son biberon d’eau à la main.

Il faisait chaud dans la touffeur tropicale  de ce jardin où il y avait peu d’ombre.

Mais pourquoi fichtre donc  la banane s’associe t-elle dans mon esprit à un une image  de glace et de froidure ???

J’y suis ! L’image subliminale qui se forme c’est celle du bananier, du Chiquita Banana, que nous apercevions chaque jour en franchissant le grand pont au dessus du port de Göteborg pour rejoindre le centre ville. Chaque matin un nouveau navire déchargeait ses containers de bananes. En hiver la rivière Gotha où s’amarraient les bateaux charriait des glaces dans le petit jour blafard de ces contrées boréales…

Et puis plus vieux encore voici que remonte une savoureuse histoire de bananes … Imaginez vous pourquoi pendant 24h Sofia devenait une ville dangereuse aux trottoirs glissants ?

Glace ? Gel, verglas  ?

Pas du tout : la banane encore !

Dans les glorieuses années du socialisme triomphant la pénurie régnait sur les étals des marchés de l’est et les fruits exotiques n’étaient que du domaine du rêve pour le bon peuple.

Fort heureusement le papa de Pépito, un de nos plus brillants élèves de l’Ecole Française, ci devant ambassadeur d’Equateur, avait une mission capitale chaque année : organiser l’arrivée et le déchargement d’un bananier en provenance d’Equateur au port de Varna.

Le vulgum pecus, qui ne bénéficiait pas des magasins spéciaux de l’aristocratie rouge  régnante ne pouvait que rêver de ce fruit mythique. Alors quand une fois par an une distribution miraculeuse s’annonçait, c’était  la ruée dans les épiceries !

Mais conséquence de l’impatience, de la gloutonnerie, de la gourmandise tous s’empressaient d’avaler béatement, les yeux mi clos, une deux, voir trois bananes en sortant de la boutique et comme c’était l’usage, de balancer illico les peaux sur le trottoir…

Et voilà pourquoi il fallait veiller où l’on mettait les pieds sur les trottoirs de Sofia quand arrivait le bananier tant attendu du papa de Pépito pour ne pas risquer de se rompre le col en glissant sur une peau du beau fruit jaune…

Enfin dernier souvenir, il me revient au palais le goût parfumé de ces toutes petites bananes de la côte égéenne de la Turquie bien plus savoureuses que ces grosses fades bananes de nos supermarchés …

………….

épilogue : un caisse de bananes à celui ou celle qui postera le commentaire attendu concernant la banane… même si on se doute que c’est encore l’estonien qui raflera la mise !

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dacosavoile

 
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