Avr 15, 2012 - Cogito    2 Comments

Nous sommes du soleil…


Nous sommes du soleil

Le canoë à propulsion solaire de Christian De Gélis me plonge dans un abyme de réflexions.  Un bateau mu par la seule énergie du soleil, silencieux, rapide performant, au fond n’est ce pas là le stade ultime de la navigation à voile ? Si tant est que le vent n’est que la résultante de l’action du soleil sur les couches de l’atmosphère, pourquoi ne pas capter l’energie à sa source ???

Les premières remarques fusent : ah mais dis donc quel bazar ! C’est bien encombrant tous ces panneaux photovoltaïques ! Objection vite balayée : mais dites donc et les mâts, les bômes; les voiles, les haubans, les écoutes, les dérives ce n’est pas encombrant peut être ???

On est d’accord, si l’on veut la simplicité rien ne vaut une bonne pagaie si tant est que l’on veuille imposer sa direction à l’embarcation parce que sinon il reste encore la dérive au gré des courants…

Le bateau de Christian fonctionne, pas seulement comme ici  pour faire des ronds dans l’eau, Christian a descendu des fleuves : le Douro au Portugal, Le Pô en Italie et le Danube. Il s’apprête à partir en Pologne et bien sûr n’oublions pas la Loire ! Donc ça marche où plutôt ça navigue ! Le concept est validé.

Des bateaux solaires il en existe d’autres, des gros : Planetsolar achève un tour du monde et des plus petits …

Certains vont même jusqu’à affirmer que le « pétronautisme » est mort et que les bateaux à moteur actuels sont les bateaux à vapeur des années 50… Oui bon, peut être, mais encore une fois pour moi le bateau à propulsion solaire représente plutôt le dernier avatar de la navigation à voile !

Le problème de ce genre de propulsion c’est qu’il faut bien un moteur quand même ! Or je ne sais pas pourquoi, je n’ai jamais en confiance dans un moteur sur un bateau, y compris avec des engins neufs !

Alors pour rester dans le domaine du kayak, j’opterais actuellement plutôt pour un système mixte : pagaie bien évidemment, voile et propulsion électrique d’appoint.

Le problème du solaire surtout si l’on cherche l’autonomie maximum c’est la surface des panneaux photovoltaïques, il est vrai que dans ce secteur la technologie évolue et que  la superficie tend à se réduire mais si l’on reste dans l’idée de la propulsion d’appoint, pourquoi pas une petite batterie au lithium et un panneau solaire souple que l’on peut rouler : par exemple ? La recharge ne s’opérerait pas en navigation mais au repos … et au soleil !

Le problème c’est que tout ce matériel représente un investissement important.. ce qui signifie que la voile et et la pagaie conservent encore un avenir certain du moins pour ce qui me concerne !

 

….

Tales from Topographic Oceans est le 7e album du groupe britannique Yes. D’une durée de plus de 81 minutes, cette œuvre comprend quatre pièces réparties sur deux disques. Il est considéré comme étant l’album du groupe le plus difficile d’accès, à cause principalement de la durée des pièces ainsi que de leur complexité…

 

Avr 13, 2012 - L'os à voile    1 Comment

Brafougne et pétole : le rassemblement de Pareloup…

L’histoire pourrait s’écrire « au commencement ils se sont connus sur Internet puis un jour ils se sont rencontrés au bord de l’eau, alors leurs rendez-vous se multiplièrent … »

Voici donc quelques échos de la dernière rencontre des amis de ces étranges petites embarcations à voile, sans voile et même désormais à propulsion solaire !

Cette fois, c’est sur le lac de Pareloup dans l’Aveyron que la représentation a eu lieu…

Au fil du temps la bande s’agrandit où plutôt s’enrichit de nouveaux personnages, de nouveaux talents, de nouveaux bateaux. A présent la joyeuse clique des kayaks et canoës à voile et sans voile c’est un peu comme le Cirque de Moscou avec un grand effectif et des troupes différentes selon les différentes représentations.

Dans le genre Pareloup n’a pas manqué à la tradition et s’est révèlé un grand cru !

Les hommes d’abord (mais non Maryline ne fait pas la grimace, d’abord Marie Noëlle a fait une apparition et les « hommes » c’est l’homme l’espèce humaine en général) … et il faut dire qu’en matière d’espèce il y en avait de bien beaux spécimens.

Honneur d’abord à notre Marcel préféré qui était à l’initiative de la rencontre. Inutile de le présenter on le connait c’est l’homme qui vous scie en long des planches à voile en moins de deux et vous concocte des trimarans vraiment trop marrants en deux coups de tournevis.

Le Claude, nourrit au biberon dès sa tendre enfance dans le milieu du kayak par tonton Marcel, emplit sa voiture à chaque rassemblement d’outils et de matériaux divers pour améliorer, rafistoler, optimiser son « P’tit Marcel » son kayak à voile dont le dernier avatar vient tout droit de Pologne. Claude l’insatiable, Claude qu’on arrête jamais et qui nous en a encore fait une belle cette fois ci… mais patience on y vient un peu plus tard.
Après tu trouves Roro… Lassé des gros bateaux des naufrages au large des côtes, de la survie en radeau, des sauvetage par les cargos et autres hélitreuillages voilà qu’il s’est converti au kayak. Mais plus organisé, plus méticuleux, plus chiadé que Robert … non, tu trouves pas. Roro il a tout dans son bateau, mais « tout » ce n’est pas le bazar, non, tout ce qu’il faut pour naviguer, bivouaquer, camper, réparer, manger, soigner (à mon avis il doit avoir le matos pour t’opérer de l’appendicite dans un bras de l’Orénoque en cas de problème).

Et dans le sillage de Roro (voir devant dans les descentes) la douce Maryline qui dans ce grand cirque  de Pareloup représentait bien seulette la gente féminine.

Jacques et Daniel, les tontons flingueurs, dans le fond plus amateurs de vins de Loire que de whisky, mais attention ! Méfie, parle pas de Chinon devant eux mais plutôt de Saumur, sinon tu risques de les agacer et de te faire escagasser au passage…

Et puis Michel, le gentleman rameur, archéologue sous marin avec un accent du sud qui nous a ramené un peu de soleil dans les premiers jours de pluie.

Charles son éternelle bonne humeur et son matos d’enfer. Super sa nouvelle combinaison sèche, naturellement il y avait toujours des pas malins pour le surnommer « la balise » avec sa belle couleur jaune mais te casse pas Charles, c’est rien que des jaloux et des foireux.

Jean-Marie était venu de Bordeaux avec son canoë-prao mais le mauvais temps du samedi l’a conduit à renoncer, dommage nous aurions bien voulu voir naviguer ce joli bateau…
Ensuite Gégé, le Gérard qui arrive de Toulouse en moto dans le froid et la pluie, qu’on à récupèré gelé et transi, en pointillé, et qu’on a du mettre à égoutter dans la baignoire quand il est arrivé le pauvre.

Et pour finir mais je l’avais gardé pour la fin, Marcel nous avait dégotté une recrue de choix pour compléter la bande : Christian, «Monsieur Christian », devrais je dire parce lui son canoë il ne marche pas à la voile (quoique), pas à la pagaie (quoique) non, il marche au soleil !!! Inventeur génial et modeste (comme tous les grands hommes) voilà bien un sacré lascar qui vient révolutionner notre petit monde de voileux et de rameurs avec son engin solaire.

Alors les bateaux :

On retrouve les Nautiraids de Robert et Maryline, les Kleppers de Charles et de votre serviteur, le sit on top de Michel qui ne veut pas entendre parler de voile, le tromaran de Marcel, le nouveau kayak pliant de Claude made in Pologne, le canoé Old Town des Tontons flingueurs et enfin le Photon le canoë ou plutôt les canoës solaires de Christian.

Et la navigation dans tout ça ?

Ceux qui sont arrivés le vendredi ont pu profiter du soleil mais  samedi la pluie était au rendez vous. Malgré cela bien équipés, nous avons pu faire quelques ronds dans l’eau.
Samedi plus de pluie mais une forte brise, limite pour nos petits bateaux.

Claude y va naturellement et je l’accompagne. Le ciel est gris, il ne fait pas chaud et on a même un petit clapot qui nous secoue pas mal. Bast ! On arrive quand même à naviguer et ayant avancé mon plan de dérive le bateau remonte mieux au vent, bref on s’amuse bien. Le froid surtout au main me fait renoncer et c’est au moment où je remonte mon bateau sur la berge que Marcel s’écrie tout à coup quelque chose du genre : « Merde y a Claude qu’a chaviré ! »


Alors ni une ni deux, je remets le bateau à l’eau et je fonce sur Claude que je distingue à peine. Quand j’arrive enfin près de lui il est à cheval sur sa coque retournée et tente de pagayer. Je le dépasse et réussis à peu près « la manœuvre de l’homme à la mer » pour arriver le plus près de lui et saisir une remorque. La côte n’est pas très loin mais ça tire dur sur la corde que je tiens à la main après l’avoir enroulée en partie autour de moi. Et c’est alors que je fais une connerie, j’envoie mon foc qui était enroulé, le bateau accélère la tension sur la corde est plus forte et celle-ci me glisse entre les mains.
Au moment où je fais demi tour pour tenter de reprendre la remorque, le vent forcit de nouveau pas moyen de virer, je suis obligé d’empanner mais je m’éloigne de Claude, je suis obliger de choquer au maximum, les voiles claquent, mon écoute de GV se barre, bref me voici en cacahouète à mon tour. Un coup d’œil me permet de voir que Claude n’est plus loin du rivage, poussé par le vent. Je décide alors de rejoindre le bord pour l’aider à sortir son bateau, retourné et plein d’eau. Entre temps, j’aperçois soulagé les copains qui arrivent par la terre. Comme par hasard cet endroit est plein de cailloux et je maintiens mon bateau à flot pour remettre de l’ordre et repartir. Finalement les copains m’aident à mettre le bateau au sec et nous sortons le bateau de Claude à son tour.

Miracle pas trop de casse, le bateau lui-même n’a rien, seul son gréement est un peu chahuté et le mat cassé. Nous chargeons les bateaux sur la remorque de Marcel que tracte la voiture de Marilyne et retour au camp de base.
Fin de la navigation pour le dimanche …

Lundi soleil enfin, un petit vent finit même par se lever. Nous pouvons enfin voir fonctionner et naviguer le bateau solaire de Christian.

Ah c’est impressionnant ! Le tout marche parfaitement dans le silence et le calme.Il faut dire que Christian ne s’est pas contenté de faire des ronds dans l’eau, sa dernière navigation l’a conduit sur le Danube qu’il a descendu en cinq semaines jusqu’à la mer Noire ! Ah j’avoue que ce drôle de bateau me fait sérieusement gamberger !!! Au fond le vent c’est bien également la conséquence de l’énergie solaire ? Alors pourquoi s’embêter avec toutes ces ficelles ces voiles qui claquent, ces dérives qui encombrent ???

Dommage nous n’aurons pas vu naviguer le prao de Jean-Marie …

Avr 1, 2012 - Côté personnel    No Comments

Sur la trace des fées

Après une longue randonnée dans les sous bois, les prés, les chemins et les petites routes de campagne… Quand le soleil commence à décliner, que les ombres s’allongent et que l’angélus d’ un village lointain tinte dans la vallée…
J’arrive enfin au dolmen de la Tuile des fées

La tuile aux fées

Jadis, avec Pierre et Gladys
On les voyait passer en robe blanche
Au ruisseau qui traînait nos rêves
Vers un écrin de joie
Nous suivions la trace des fées
C’était au mois de mai

Vole, blonde tête folle,
On les voyait quitter leur robe blanche
Un torrent de cheveux dorés
Léchait nos yeux de soie
Nous étions sur la trace des fées
C’était au mois de mai

J’étais le prince sur son carrosse
Ma muse pleurait aux étoiles
Puis je redevins le chien.

Jadis, cachées sous les fleurs de lys
On les voyait flâner en robe blanche
Au pays où la bise enlace les gens aux mille pleurs
Nous suivions la trace des fées
C’était au mois de mai

Vole, vole, blonde nympholle
On les entendait rire en robe blanche
Et le gazon du parc s’imbibait à nos pieds d’enfant
Nous étions sur la trace des fées
C’était au mois de mai

sur la trace des fées

Les potins de la commère

Ah les joies du courrier ! Ah les délicates attentions d’un voisinage aimable ! Oh délices de la copropriété et de la vie en société…

Marc Jamois,

32 avenue XXXXX, le Languedoc

43000 Le Puy en Velay

à,

Monsieur XXXXXX, syndic de copropriété

Agence XXXXX Immobilier

X, rue XXXX

43000 Le Puy en Velay

Le Puy en Velay le 27 mars 2012.

Monsieur,

 

J’accuse réception ce jour de votre courrier du 23 courant qui, je l’avoue, me laisse quelque peu perplexe…

D’un naturel calme, vivant seul, ne donnant pas de dîner en ville, ne disposant pas d’appareil susceptible de diffuser une quelconque source musicale, ayant par ailleurs renoncé à jouer à la pétanque dans mon salon ainsi que depuis peu à l’élevage d’un cochon dans ma baignoire, je m’interroge sur l’origine de ces « nuisances sonores » nocturnes sensées provenir de mon appartement et dont vous aurez l’amabilité de m’indiquer la nature exacte.

Je vous précise par ailleurs que, très étrangement, j’occupe mes nuits à dormir mais qu’effectivement des troubles liées à un somnambulisme non encore détecté pourraient expliquer ce vacarme mystérieux. Aussi je compte sur votre diligence et votre excellente connaissance de la ville du Puy en Velay pour m’indiquer un spécialiste des maladies du sommeil que je m’engage à consulter au plus tôt.

 

En vous remerciant pour l’excellente rigueur morale que vous contribuez à maintenir dans cette résidence, je vous prie d’agréer, Monsieur le syndic, l’expression de mes sentiments distingués.

 

 

MJ

 

Mar 10, 2012 - L'os à voile    1 Comment

Génial ! Un dériveur gonflable !

On connaissait les kayaks gonflables mais voici qu’une jeune créatrice Marion Excoffon vient de mettre au point un véritable petit dériveur qui, une fois plié, tient dans le coffre d’une voiture.

Voilà vraiment une innovation appelée à un bel avenir.

Le Swell est un dériveur à coque gonflable. Il est léger et tient dans un sac, ce qui facilite son stockage et son transport puisqu’il tient dans un coffre de voiture. Constitué d’un petit nombre de pièces, son montage ou son démontage sont simples et nécessitent moins de 20 minutes. Du fait de la rigidité et de la forme de la coque, et de l’assemblage du gréement, le Swell présente en navigation des qualités nautiques similaires aux dériveurs rigides classiques. C’est un dériveur très réactif rendant la pratique de la voile légère ludique et facile.


 

Untitled from Marion Excoffon on Vimeo.

Mar 4, 2012 - Côté personnel    No Comments

Un chemin de fer pour Modestine…

Voyager n’a de sens que si l’on y consacre du temps… Le temps du voyage ne saurait être un temps perdu.


Aussi lorsque me vient l’envie d’une brève escapade en direction des Cévennes toutes proches, la première idée qui me passe par l’esprit c’est évidemment d’emprunter le chemin de Stevenson. Mais la perspective de m’encombrer d’un bourricot, ne  fût ce que pour porter mon bardas, ne me réjouit guère… et puis je n’ai qu’un jour… 

Par chance il reste un moyen tout aussi jubilatoire de voyager : le train !

Pas un avion sans aile à très grande vitesse, pas un de ces trains affublé d’un misérable numéro… Non, il est encore des trains qui portent des noms. Si le Mistral ou le Capitole ont été bouffés par le colombin à grande vitesse… par bonheur il existe encore des trains de légende.

Oui mais attention, il faut faire gaffe, tenez par exemple, L’Orient Express serait bien tentant mais, mais … méfi, le risque est grand de se voir zigouiller à la moindre tempête de neige et pas certain qu’Hercule Poirot soit encore disponible pour débrouiller l’affaire.

Le Transsibérien du père Cendrars (1 ) et de Corto Maltese dans le genre  n’est pas mal non plus mais bon sang, c’est un peu loin et pas vraiment ma direction et franchement je n’ai pas grand chose à faire par là bas en ce moment.

Aussi, voyez comme la vie est bien faite et je te le donne en mille Emile, pour les Cévennes, c’est comme chez Casto … y a tout ce qu’y faut : Le Cévenol !

Ah parle moi de ça ! Un train qui chemine pépère du Velay aux Cévennes en se glissant dans les gorges de l’Allier, qu’est ce que tu veux de mieux ?

Et voilà comment je me retrouve embarqué pour un petit voyage de Langeac à Genolhac et retour par ce beau samedi de mars.

… Pourtant l’affaire s’emmanchait mal …

Huit heure trente, guichet de la gare de Langeac :

– Un aller retour pour Genolhac s’il vous plait …

– A ben… ll va y avoir du retard, le train est rentré dans une voiture à Brassac les Mines. Je ne peux va dire combien, problement une demi heure, peut être plus…

Voilà ce que c’est que de vouloir jouer les aventuriers, on s’expose au pire… Et puis quand ce ne sont pas les voitures ou de stupides vaches qui bloquent les voies et bien ce sont les rochers, chatouillés par le dégel, qui viennent pertuber le périple…

Si, si…  à peine partis, à peine engagés dans les gorges,  le convoi  stoppe dans un crissement de freins et une escouade composée du contrôleur, du mécanicien et d’un costaud de service  descend du train pour pousser l’importun rocher dans le précipice.

Enfin que dire de plus ? Qu’après les embarras du matin le train est arrivé à bon port. Que la gastronomie cévenole en vaut une autre. Que le trajet du retour s’est déroulé sans problème.

Sinon qu’à quarante kilomètre heure dans les gorges de l’Allier on a bien le temps de se délecter du paysage.

Les orgues basaltiques  plongent dans la rivière dans un accord parfait. Par endroit les eaux sont encore prises pas les glaces, l’hiver peine à laisser sa place au printemps. Des villages aux maisons de pierre et aux églises aux clochers à peigne surgissent aux détours de la voie. Des cascades bouillonnent dans la gorge, la végétation est encore engourdie par le froid, des plaques de neige s’incrustent dans l’ombre de l’ubac de la vallée.

Perchés sur les sommets des vestiges de châteaux et de tours de guet surveillent les défilés et les ponts. Nul doute que dans les temps anciens les voyageurs et les marchands devaient s’acquitter de  substantiels droits de péages pour les franchir…

Le train lui continue sa route…

Et ainsi va la vie tranquille dans ces montagnes sauvages et apaisées tandis que la bouillotte du monde siffle sur le réchaud de l’Internet que la course à l’exotisme n’en finit plus de péter plus haut que son …

… que la partie charnue du dos où celui perd son nom.

………………….

(1) En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares (…)

Blaise Cendrars. Prose du Transibérien

….

et des photos…

Fév 14, 2012 - Côté personnel    No Comments

14 février … trece timpul…

Marie

O mon jardin d’eau fraîche et d’ombre
Ma danse d’être mon coeur sombre
Mon ciel des étoiles sans nombre
Ma barque au loin douce à ramer
Heureux celui qui devient sourd
Au chant s’il n’est de son amour
Aveugle au jour d’après son jour
Ses yeux sur toi seule fermés

Heureux celui qui meurt d’aimer
Heureux celui qui meurt d’aimer

D’aimer si fort ses lèvres closes
Qu’il n’ait besoin de nulle chose
Hormis le souvenir des roses
A jamais de toi parfumées
Celui qui meurt même à douleur
A qui sans toi le monde est leurre
Et n’en retient que tes couleurs
Il lui suffit qu’il t’ait nommée

Heureux celui qui meurt d’aimer
Heureux celui qui meurt d’aimer

Mon enfant dit-il ma chère âme
Le temps de te connaître ô femme
L’éternité n’est qu’une pâme
Au feu dont je suis consumé
Il a dit ô femme et qu’il taise
Le nom qui ressemble à la braise
A la bouche rouge à la fraise
A jamais dans ses dents formée

Heureux celui qui meurt d’aimer
Heureux celui qui meurt d’aimer

Il a dit ô femme et s’achève
Ainsi la vie, ainsi le rêve
Et soit sur la place de grève
Ou dans le lit accoutumé
Jeunes amants vous dont c’est l’âge
Entre la ronde et le voyage
Fou s’épargnant qui se croit sage
Criez à qui vous veut blâmer

Heureux celui qui meurt d’aimer
Heureux celui qui meurt d’aimer

Louis Aragon

 

Fév 10, 2012 - Côté personnel    5 Comments

Ma petite banane de Proust…

Narguant le réchauffement planétaire, le froid  s’est abattu sur nos villes et nos campagnes. Le paysage se fige, les rivières sont prises par les glaces, le gasoil s’épaissit dans les réservoirs des véhicules… les déplacements se font plus difficiles, la gelure peu à peu nous engourdit.

Billevesées quand on songe au grand « hyver » de 1709 !  Moins 30° à Paris, la Seine totalement gelée ne permet aucune navigation, les vivres ne parviennent plus à la capitale. Au château de Versailles, Louis XIV lui même se voit contraint d’attendre que son vin daigne bien dégeler près du feu, ce dernier se figeant rien qu’en traversant une antichambre…

Calfeutré dans mon nid d’aigle de l’avenue Foch que je peine à réchauffer, je songe en terminant mon repas du soir… Mais d’où vient cette banane qui me tient lieu de dessert ?

Fruit du soleil et des tropiques échoué dans cette contrée gelée… pourquoi cette banane ravive d’un coup tant de souvenirs ?

Il me revient en mémoire notre jardin de Dar Es Salaam et ses petites bananes que nous ne mangions jamais, boulottées qu’elles étaient à peine mures par le jardinier. Nous ne faisions pas d’histoire, Marie rapportait du marché des paniers entiers de légumes et de fruits tous plus beaux les uns que les autres … et puis on racontait tant d’histoires sur ces petits serpents noirs cachés au coeur des régimes et qui, s’ils vous mordaient, vous faisait passer de vie à trépas en quelques minutes.

Dans le jardin une demoiselle nommée Charlotte  se balançait sur une balançoire de bois , Timy à quatre pattes grattait la terre d’Afrique et Jean-Marie mal éveillé de sa sieste couinait au seuil de la maison son biberon d’eau à la main.

Il faisait chaud dans la touffeur tropicale  de ce jardin où il y avait peu d’ombre.

Mais pourquoi fichtre donc  la banane s’associe t-elle dans mon esprit à un une image  de glace et de froidure ???

J’y suis ! L’image subliminale qui se forme c’est celle du bananier, du Chiquita Banana, que nous apercevions chaque jour en franchissant le grand pont au dessus du port de Göteborg pour rejoindre le centre ville. Chaque matin un nouveau navire déchargeait ses containers de bananes. En hiver la rivière Gotha où s’amarraient les bateaux charriait des glaces dans le petit jour blafard de ces contrées boréales…

Et puis plus vieux encore voici que remonte une savoureuse histoire de bananes … Imaginez vous pourquoi pendant 24h Sofia devenait une ville dangereuse aux trottoirs glissants ?

Glace ? Gel, verglas  ?

Pas du tout : la banane encore !

Dans les glorieuses années du socialisme triomphant la pénurie régnait sur les étals des marchés de l’est et les fruits exotiques n’étaient que du domaine du rêve pour le bon peuple.

Fort heureusement le papa de Pépito, un de nos plus brillants élèves de l’Ecole Française, ci devant ambassadeur d’Equateur, avait une mission capitale chaque année : organiser l’arrivée et le déchargement d’un bananier en provenance d’Equateur au port de Varna.

Le vulgum pecus, qui ne bénéficiait pas des magasins spéciaux de l’aristocratie rouge  régnante ne pouvait que rêver de ce fruit mythique. Alors quand une fois par an une distribution miraculeuse s’annonçait, c’était  la ruée dans les épiceries !

Mais conséquence de l’impatience, de la gloutonnerie, de la gourmandise tous s’empressaient d’avaler béatement, les yeux mi clos, une deux, voir trois bananes en sortant de la boutique et comme c’était l’usage, de balancer illico les peaux sur le trottoir…

Et voilà pourquoi il fallait veiller où l’on mettait les pieds sur les trottoirs de Sofia quand arrivait le bananier tant attendu du papa de Pépito pour ne pas risquer de se rompre le col en glissant sur une peau du beau fruit jaune…

Enfin dernier souvenir, il me revient au palais le goût parfumé de ces toutes petites bananes de la côte égéenne de la Turquie bien plus savoureuses que ces grosses fades bananes de nos supermarchés …

………….

épilogue : un caisse de bananes à celui ou celle qui postera le commentaire attendu concernant la banane… même si on se doute que c’est encore l’estonien qui raflera la mise !

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dacosavoile

 
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