Oct 27, 2012 - Cogito    No Comments

Phénoménologie de la transcendance

 

Sophie NORDMANN

Phénoménologie de la transcendancePhénoménologie de la transcendanceCréation – Révélation – Rédemption

Philosophie / ISBN 978-2-919121-07-6 /15 euros

Toute phénoménologie, par définition, part de et en reste au monde tel qu’il s’offre à la conscience. Une « phénoménologie de la transcendance » semble donc une entreprise impossible, puisqu’il s’agirait de chercher dans l’expérience du monde « quelque chose » qui ne puisse en aucune manière que ce soit être rapporté au monde. L’expression de « phénoménologie de la transcendance est ainsi formellement contradictoire : car si la transcendance était « phénomène » et pouvait faire l’objet d’une « -logie », d’une saisie par le logos, elle serait précisément de l’ordre de ce qui peut être mis sous la proposition « il y a quelque chose plutôt que rien ». Pour le dire autrement, si la transcendance était objet d’expérience possible, alors justement elle ne serait plus transcendance. Par principe, une « phénoménologie de la transcendance » ne cherchera donc pas positivement « quelque chose » de transcendant dans le monde. Il ne pourra s’agir que d’une phénoménologie de la trace : phénoménologie de ce qui est au monde sur le mode de la non-présence et de la non-représentabilité, phénoménologie de ce qui « brille par son absence » (p. 14-15).

« Seul un monde au cœur duquel s’est ouverte la perspective d’un autre ordre que le sien est inachevé : si aucune brèche, aucune fenêtre n’est ouverte sur un autre horizon que celui du monde tel qu’il est, si le monde est à lui-même son propre horizon ultime et indépassable, alors il est déjà parfaitement achevé » (VII.1)

TABLE ANALYTIQUE

Phénoménologie de la Transcendance

Création – Révélation – Rédemption

I.1 Par – transcendant – j’entends ce avec quoi ne peut être établi aucun rapport de commensurabilité.I.2 Par – monde – j’entends tout ce qui peut être mis sous la proposition « il y a quelque chose plutôt que rien ».I.3 Par – transcendance- j’entends « l’incommensurable au monde » ou encore ce qui est « d’un ordre absolument autre » que le monde tel qu’il vient d’être défini.

II.1 Dire que le monde porte la trace d’une transcendance revient à dire que tout ce qui est au monde n’est pas de l’ordre du monde.II.2 Se demander si le monde porte la trace d’une transcendance revient donc à s’interroger sur le statut ontologique du monde.II.3 Par – création – j’entends le défaut de suffisance ontologique à soi du monde.II.4 Poser la question de la création du monde, ce n’est donc pas s’interroger sur l’origine du monde, mais sur son statut ontologique.

III.1 Un être qui existe peut donc devenir créé si son statut ontologique se trouve altéré.III.2 Le monde peut devenir créé si sa parfaite suffisance à soi se trouve rompue.III.3 S’ouvre alors la voie d’un questionnement non métaphysique sur la création du monde.III.4 S’ouvre alors également la voie d’une compréhension non théologique de la création du monde.III.5 S’ouvre alors la voie d’une « phénoménologie de la transcendance » entendue comme « phénoménologie de la création ».

IV.1 L’idée de création comme insuffisance ontologique à soi du monde est indéductible du monde.IV.2 Un monde qui porte l’idée de sa propre insuffisance à soi est insuffisant à rendre compte de lui-même.IV.3 Un monde qui porte l’idée de sa propre création est donc nécessairement créé.

V.1 L’idée de création ne « vient » pas du monde.V.2 Par « révélation », j’entends la survenue au monde d’une idée qui ne vient pas du monde.V.3 L’idée de création est nécessairement une idée révélée.

VI.1 La révélation de la création du monde altère le statut ontologique du monde : elle rend le monde créé.VI.2 La révélation de la création du monde ne révèle rien d’autre que ce qu’elle fait advenir au monde : sa création.

VII.1 Rompant la suffisance du monde à soi, la révélation in-achève le monde.VII.2 Par – rédemption – j’entends la perspective d’un achèvement du monde.VII.3 Comme sa création, la rédemption du monde est nécessairement révélée.

VIII.1 Seul un monde créé est à rédimer, et seul un monde à rédimer est créé.VIII.2 Création et rédemption sont donc deux manières de dire l’in-achèvement du monde produit par la survenue de leur propre révélation.VIII.3 De la révélation de sa création et de sa rédemption, le monde ne peut donc pas rendre compte à partir de lui-même.

IX.1 La création du monde est bien « au commencement ».IX.2 La rédemption du monde est bien « fin des temps ».IX.3 Entre-temps, le monde devient.

 

Sophie Nordmann

Photographie/ Melania Avanzato

Sophie Nordmann est née en 1975 à Paris. Agrégée de philosophie et docteur de l’Université Paris-Sorbonne, elle enseigne à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) et à l’Ecole Polytechnique. Elle est également chercheuse au Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL) et directrice de programme au Collège international de philosophie. Elle a consacré à la philosophie juive contemporaine plusieurs articles ainsi que deux essais: Du singulier à l’universel. Essai sur la philophie religieuse de H. Cohen (Vrin, 2007) et Philosophie et judaïsme : H. Cohen, F. Rosenzweig, E. Levinas (Presses Universitaires de France, 2008 et 2011)

 

 

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La création du monde

20.10.2012 – 09:07 Ajouter à ma liste de lectureRecevoir l'émission sur mon mobile

La création du monde

Invité(s) :
Paul Clavier, agrégé et docteur en philosophie, il enseigne à l’ENS-Ulm et à Sciences Po.
Sophie Nordmann, philosophe, Agrégée de philosophie et docteur de l’Université Paris Sorbonne, elle enseigne à l’École pratique des hautes études (EPHE) et à l’École Polytechnique. Elle est également chercheuse au Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL) et directrice de programme au Collège international de philosophie

 

    Oct 9, 2012 - L'os à voile    No Comments

    Un nouveau forum pour quoi faire ?

    Des forums autour des kayaks et des canoës il y en a déjà pas mal … Alors un de plus pour quoi faire ?

    Tout simplement parce que chaque forum à sa thématique et sa spécificité :

    Forum kayak : forum généraliste essentiellement autour des gonflables

    Expé Mag : plutôt pour les expéditions lointaines et les grandes randonnées

    Pêche en kayak  : comme son nom l’indique …

    kayak de mer.eu : le « vrai » kayak de mer, l’esquimautage…

    et donc celui ci, « kayaks et canoës trek » sera plutôt orienté autour de deux axes :

    • la petite randonnée et le camping,
    • la voile en kayak et canoës.

    Le forum est indépendant de ce blog, une fois inscrit les contributions sont libres à condition qu’elles respectent  l’esprit et le sujet du forum. Il est évolutif, des rubriques pourraient être rajoutées à la demande.

    Sep 24, 2012 - Côté personnel    6 Comments

    Ton truc ça marchera jamais !

    Toi qui aime lire tu devrais essayer la liseuse, c’est très pratique, tu peux charger plein de bouquins  dans une seule petite liseuse, la glisser dans une poche : vraiment commode !

    Toi qui aime lire tu devrais essayer le livre, c’est très pratique, tu peux copier plein de tablettes de marbre dans un  seul petit livre, le glisser dans tes braies: vraiment commode !

    Oh non, moi jamais, ! J’ai besoin de l’odeur du papier, rien ne remplacera jamais un livre ,c’est un bel objet !

    Oh non, moi jamais ! J’ai besoin de l’odeur du marbre, rien ne remplacera jamais une tablette de marbre gravée, c’est un bel objet !

    Et ben, mais pendant que tu lis sur ta liseuse, respire une feuille de papier ??

    Et ben mais pendant que tu lis ton livre, respire de la poussière de marbre??

    Et puis tu sais, ton truc, ça tombe en panne et pffuittt plus rien !!! Tandis que mon livre … pas de danger qu’il me laisse en rade!!!

    Et puis tu sais, ton truc, ça se fait bouffer par les rats et ça brûle et pffuittt plus rien !!! Tandis que ma tablette de marbre gravée … pas de danger qu’elle  ne s’efface comme ça !

    Oui mais bon, regarde toi qui voyage beaucoup avec Easy Jet, tu mets 1000 bouquins dans ton sac à main…Sinon bonjour le supplément de bagages !!!

    Oui mais bon, regarde toi qui voyage beaucoup en char à bœufs, tu mets 1000 tablettes de marbre dans ta besace…Sinon bonjour le nombre de char à bœufs qu’il faut rajouter au convoi pour tout transporter !!!

    Oui bof… Ton truc ça ne marchera jamais …

    Juil 10, 2012 - L'os à voile    3 Comments

    Les tripoux du bout du monde…

    Après un premier essai du « Nomad » sur le plan d’eau du Grand Large à Lyon « à vide » il était temps de tester la bête en condition rando.

    C’est chose faite sur le lac du barrage de Grandval sur la Truyère dans le Cantal. Si Grandval n’évoque pas grand-chose, Garabit et son célèbre Viaduc sera beaucoup plus évocateur !

    Viaduc de Garabit sur la Truyère

    Viaduc de Garabit sur la Truyère

    Le plan d’eau est très vaste plus de 15 km du Viaduc jusqu’au barrage plus les bras qui remontent sur de longues distances, bref de quoi faire ! Avec les dernières pluies le lac est bien plein donc tout va bien.

    Seul problème pour bivouaquer les endroits ne sont pas nombreux en raison du relief et des pentes très abruptes peu propices pour installer une tente…

    Nous partons à deux bateaux : mon Yakkair One et ce fameux prototype de Nomad prêté par Andy avant son lancement officiel au salon nautique de décembre.

    Les deux bateaux

    Les deux bateaux

    Côté navigation la bonne impression du bateau se confirme. Le bateau est plus agréable à mener  que le Yakkair : la glisse est excellente et la progression à la pagaie franchement aisée. Face au vent, le fardage  n’étant pas trop important  la remontée est facile (5 à 8 km/heure  de vent en plein dans le pif) pas de vagues si ce n’est le clapot généré par les bateaux à moteurs…

    Prototype « petit » Nomad

    Concernant l’emport … il n’y a pas photo ! Derrière et devant le siège deux grandes places pour embarquer tous le matériel de rando contenu dans le Yakkair one plus un supplément d’équipement et la possibilité de charger plusieurs jours de vivres. Bref un bateau idéal pour des randonnées en solitaire ou à plusieurs bateaux. La seule raison qui pourrait me faire préférer le Yakkair c’est la possibilité avec ce dernier de pourvoir gérer une plus grande autonomie pour le retour au point de départ en en utilisant les transports en commun en cas de descente de rivière (voir post précédents). Avec ce Nomad il faut déjà deux sacs pour le bateau. On peut être bricoler une petite remorque en emportant un chariot de portage qui peut se révéler utile en rando (inutile avec le Yakkair)… à voir…

    Séance gonflage

    Donc le samedi en fin d’après midi nous partons de la base nautique juste après le viaduc. Mon frère Olivier en meilleure condition physique que moi semble à la peine dans le Yakkair. Mon bateau est plus chargé mais glisse beaucoup mieux. Il est vrai que je suis avantagé par une pagaie au manche en carbone bien plus légère que la pagaie Bic en 4 parties qu’utilise Olivier. Le lendemain j’aurai un peu plus de mal car le bateau était un peu sous gonflé (la flemme de vérifier et de regonfler au départ) : résultat une perte sensible au niveau performance ! Le Yakkair lui comme sur la Loire n’avait pas perdu un poil de pression !

    Après une remontée face au vent en direction du barrage, nous virons dans le premier « fjord » sur la droite pensant rejoindre le château d’Alleuze, en fait nous avons tourné trop tôt mais comme l’heure avance nous nous continuons la remontée dans l’espoir de trouver un endroit pour bivouaquer. Hélas les pentes sont raides, le relief escarpé et il faut continuer…

    Enfin nous arrivons à l’extrémité ou le lac se transforme en torrent et nous trouvons enfin un terrain plat pour nous installer.

    Bivouac

    La guerre du feu…

    Pour la tambouille du soir il faut dire qu’Olivier n’a pas fait les choses à moitié ! Dame nous sommes en Auvergne donc au menu : Tripoux, aligot, langue de bœuf, Cantal »entre deux », côte du Rhône, pastagas pour l’apéro, Catçaça pour le dijo (ça vient du Brésil), fruits, café… Le tout en quantité raisonnable…

    Menu « auvergnat » !

    Dame un homme ça pagaye donc ça mange. (et p’y c’est tout).

    En fait l’endroit s’appelle, ça ne s’invente pas « le bout du monde » et nous ne sommes pas loin de Saint Flour.

    Le bout du monde …

    Nous passons une nuit tranquille ou presque : orage carabiné, grosse pluie puis une fois celui-ci calmé, des bruits dans l’eau incroyable à croire que des hordes de bestioles viennent s’abreuver… En réalité non, nous découvrirons au matin que ce sont des carpes qui frayant et sautant dans la flotte sont à l’origine de ce raffut…

    Franchement on se demandait ce que c’était … Enfin au bout du monde, on peut s’attendre à tout…

    Le matin…

    Au matin frais et dispos, nous découvrons un pêcheur qui s’est installé au petit jour et avec qui nous faisons connaissance et partageons le café du matin. Le lac semble fumer, le ciel est resté couvert et une sorte de bruine tombe transformant cet endroit assez étroit en paysage canadien ou fjord nordique au choix… Le bivouac est vite plié et nous remettons à l’eau en douceur pour ne pas gêner le pêcheur.

    Bivouac après la nuit d’orage…

    Appareillage en douceur !

    Dans un coude, sur la berge Olivier aperçoit une biche qui disparait aussitôt dans le sous bois.

    Un peu plus loin, à l’occasion d’une escale technique ce sont des giroles en quantité qui vont rejoindre les cales du navire !

    Girolles

    Comme je le disais mon bateau est un peu sous gonflé et les performances s’en ressentent (non non ce ne sont pas les tripoux et l’aligot !!!) Comme il fait moche j’ai revêtu ma combinaison sèche que j’apprécie toujours autant pour son confort. Nous revenons donc tranquille vers le point de départ et poussons jusqu’au Viaduc.

    Passé celui-ci, la Truyère est toujours navigable et il est possible de remonter encore plus haut. Autrement dit ce lac autorise de belles navigations et d’innombrables  découvertes.

    Le ciel s’est dégagé et nous nous pouvons sécher les tentes avant de les replier.

    Mais le temps est compté je ne suis pas (encore…) en vacances et je dois rentrer le soir sur le Puy. Nous en profitons une fois le matériel rangé pour aller en voiture voir à quoi ressemble le lac côté barrage puis nous poussons jusqu’au château d’Alleuze et finissons par faire le tour entier du lac (que nous ne voyons guère car la route ne longe celui-ci qu’à de rares endroits).

    Château d’Alleuze

    Conclusion : un très vaste plan d’eau, des paysages magnifiques mais peu d’endroits pour bivouaquer (nous en avons quand même repéré un certain nombre et une expédition « kayaks à voile » serait envisageable sur plusieurs jours ! Avis à la bande de bras cassés qui compose le groupe des voileux en kayak !!! 

    Enfin ce prototype Nomad apparait comme un excellent compromis pour naviguer très confortablement en rando solo avec une sécurité accrue. Par rapport à la dernière rando sur la Loire avec le Yakkair j’avais emporté entre autre : une tente plus grande, des sièges, un hamac et j’avais encore de quoi charger ! 

    Ah si j’oubliais que, bien sûr, j’avais ma voile que j’utilise systématiquement au portant mais c’est certain que j’adapterai un gouvernail sur ce bateau chose que je n’ai pas cru devoir réaliser sur le Yakkair.

    Juin 26, 2012 - Côté personnel    1 Comment

    Postavarul rectified

    Puisque voici l’été je m’en vais vous conter une petite histoire de ski, histoire de rafraîchir l’atmosphère.

    Gamin, très tôt, j’avais décrété que le ski c’était de la foutaise et que par conséquent je n’y foutrais jamais les pieds.

    Olivier et Maman sur les skis et moi sur la luge au Mont Dore en 1967

    Manoeuvre de retournement…

    Passe encore la luge dont notre père avait construit un singulier modèle. En effet cette luge avait une particularité : partie du haut de la pente, après avoir acquis une certaine vitesse initiale, à l’instar de la fusée lunaire de Tintin, l’engin entamait une manœuvre de retournement à mi pente et terminait systématiquement sa course à l’envers. Tel un rameur sur la Marne, le canotier en moins, nous achevions de dévaler la pente en marche arrière, de dos, le regard fixé sur le sommet au grand péril des clampins se retrouvant sous la menace d’un bolide que les pilotes la tête rentrée dans les épaules et serrant des dents ne pouvaient pas voir (ni éviter…).

    Les années passaient, mon frère partait régulièrement pour des séjours de ski dont il revenait étoilé et moi je tenais bon, bien décidé à ne pas me risquer sur ces planches redoutables fixées à des chaussures orthopédiques qui me paraissaient des plus suspectes.

    Et puis passe passe le temps, me voici à l’École Normale. Deux facteurs allait bousculer les choses et me faire vaciller dans mes convictions.

    D’une part ma chère et tendre était une skieuse hors pair et d’autre part une sortie organisée dans le cadre de nos cours de sport nous avait conduit sur les pentes très modérées du massif du Pilat où j’avais chaussé pour la première fois des skis de fond.

    Le ski de fond permet de donner le change.

    Le bon skieur se retrouve gros Jean comme devant au premier virage où la sorte de pince à linge qui sert de fixation à la facétieuse tendance à libérer le pied du ski provocant une chute amusante pour le reste de la troupe et fort irritante pour le skieur alpin confirmé qui ne retrouve pas la tenue de ses chaussures orthopédiques. Quant au débutant que je suis, il est facile de faire illusion en se contentant de traîner les pieds sur le plat, les planches bien coincée dans la trace. Pour les descentes et les virages, aucun problème, tout le monde se cassant la gueule en râlant ou en rigolant ou goguenard, c’était selon…

    Bref jeune adulte et toujours ouvert sur le progrès et l’évolution j’allais devenir un skieur.

    Évidemment, ayant maîtrisé le ski de fond, le passage au ski alpin allait de soi. Et nous voilà dans un magasin de sport lyonnais où un habile vendeur m’équipe de skis révolutionnaires de type compacts « qui tournent tout seuls » (dixit l’escroc)…

    Equipé de pied en cap je me retrouve donc par un beau jour ensoleillé juché sur un télésiège à Chamrousse qui monte qui monte, qui monte …

    Vue de haut, la pente est bien agréable, le relief écrasé, les bosses fort aimables, les petits skieurs déboulent gentiment avec de jolies traces … Et le télésiège monte toujours…

    Ah misère !

    Jeté du télésiège comme un sac de patates, grâce à des moulinets des bras et des bâtons je m’immobilise sans tomber en haut de la pente. Immédiatement celle ci s’avère beaucoup plus inquiétante, et étrangement longue, la voiture garée au pied un tout petit point bien lointain. Une angoissante verticalité semble sortir d’une brume irréelle. Un étrange sentiment de malaise s’instille peu à peu…

    Et vogue la galère…

    Ah misère de misère…

    Naturellement ces foutus skis refusent obstinément de tourner, le cul bien en arrière, j’essaie désespérément de fléchir la jambe comme me le braille ma monitrice . Oui tiens, tu parles… vlan me voilà le nez dans la poudreuse et va t’en te relever dans cette saloperie de neige avec ces foutues planches qui bizarrement faute de tourner ont tout de même réussi à se croiser.

    Début d’un long calvaire… Plante le bâton, plante le bâton….

    Ah oui, je le planterais bien le bâton mais pas dans la neige, non dans le bide de cette enflure de vendeur, cet escroc malfaisant, ce menteur… Oh putain oh merde voilà que ça accélère mais où sont les freins ??? Fléchis fléchis…. tu parles … enfer et damnation pas d’autre solution que de provoquer la chute avant que de passer le mur du son. Vlan de nouveau le groin enfoui dans la neige. Et l’envie de meurtre qui monte, qui monte, à commencer par le vendeur, une fois éventré par le bâton lui écraser la figure à coup de ces saloperie de godasses …

    Trente mètres de pente dévalés, trente chutes, reste plus que deux bornes pour parvenir en bas, j’y arriverai jamais avant la nuit… Le désespoir et la rage me gagnent…

    Après une demi heure d’effort je parviens à me libérer de ces saloperies de planches ! Ah ! ah! Je vais descendre à pied !!

    … En roooooooooooooute…. et paf me voici enfoncé jusqu’à mi cuisse… Coincé fait comme un rat… en glissant à plat ventre peut être….. fuuiiit c’est parti ! Au moins cinquante mètres de dévalé…. oh non …. c’est pas vrai, j’y crois pas … Regarde moi ça ce crétin de ski qui est resté planté la haut et qui me nargue… Désespoir…

    La lumière commençait sérieusement à décliner quand, transi, fourbu, une sourde colère me tordant les boyaux je parvins après des heures d’efforts à regagner la voiture à y jeter ces damnés ski en jurant mes grands dieux que l’on ne m’y reprendrait plus…

    Était-ce la fin d’une histoire ??

    Vous vous doutez bien que non …

    La suite intervient quelques mois plus tard, dans les Carpathes où le service national et le début d’un petit périple sur les grands chemins du monde nous conduit

    Bien entendu partis pour travailler dur de l’autre côté du mur, en république socialiste de Roumanie, dans ce monde étrange et inconnu, nous n’avions pas eu l’idée d’emporter des skis dans nos bagages…

    Et voilà que sitôt arrivés nos collègues nous assurent que le ski est le loisir unique des mois d’hiver… Vous skiez ? Euh ben …oui …

    Alors ni une ni deux, sitôt la saison arrivée et pour une bouchée de pain nous voici équipés de superbes skis en bois, du modèle « Postavarul » . De belles et bonnes planches bien raides, au moins aussi longues que mes skis révolutionnaires et dotés de fixation allemande de l’Est en aluminium gris, copie conformes en miniature des casemates en béton du mur de l’Atlantique. L’ensemble est rustique mais fonctionnel moyennant un calage de la godasse avec du papier cul pour éviter de déchausser en éternuant.

    Direction les Carpathes, Sinaïa où l’équipe de l’école française, au grand complet, directeur en tête, loue une superbe villa face au château de Vlad Tépès, Dracula pour les intimes.

    Dopé au Murfatlar, un petit pinard bien sympathique, entraîné par le groupe je décidais donc de me colleter de nouveau aux affres de la descente. La montée se faisant en téléphérique pas de problème pour accéder aux pistes.

    Hélas, point de miracle, les Postavarul contrecarraient aussi bien que leurs homologues Rossignol toute tentative pour changer de direction. Heureusement les fixations kalité allemande (de l’est) qui lâchaient au moindre choc me permettaient de sauver la face : « Ah merde ! Foutu matériel » si seulement j’avais mon matos laissé en France, vous verriez les copains …

    N’empêche qu’intérieurement je ruminais un plan despéré pour me sortir de ce piège à rat… En fait tout le problème venait de derrière… A chaque tentative de virage je sentais bien que la difficulté venait de l’arrière… De ces ski beaucoup trop longs… derrière.

    Et c’est ainsi qu’après une dernière lampée de Murfatlar la lumière fut et que la solution m’apparut dans un éclair de lucidité géniale…

    Sitôt rentré à Bucarest j’annonçais que j’avais trouvé une solution et qu’on allait voir ce qu’on allait voir : j’allais scier mes skis et les réduire de moitié histoire de virer tout cet arrière train source de mes malheurs.

    Concert de protestation « non mais t’es pas un peu marteau, ça ne se fait pas de couper des skis, l’équilibre, la stabilité … Tout ça »…

    Tu parles Charles, au point où j’en étais, foutu pour foutu, on allait voir ce qu’on allait voir.

    Et c’est ainsi que muni d’une scie égoïne je découpais un généreux tronçon de mes Postavarul que je baptisais illico « Postavarul rectified » à l’aide d’un petit pinceau et de peinture blanche… Le soucis du détail…

    Et bien croyez moi si vous voulez mais équipé de mes Postavarul rectified, de mes fixations allemandes de l’est renforcées au PQ : JE FAISAIS ENFIN MES DEBUTS EN SKI ALPIN !

    Inaugurant une nouvelle technique, le chasse neige TGV, (chasse neige à très grand vitesse), au grand dam des puristes de la godille au cul pincé et au style serré, je dévalais les pentes bras écartés, popotin bien en arrière, secoué comme l’autorail entre Saint Etienne et le Puy mais capable de m’arrêter dans un virage dérapage des plus efficaces…

    Le style était certes particulier mais je parvenais à virer et ce faisant à sauver ma peau et mon honneur.

     

    Juin 24, 2012 - Pataphysique    1 Comment

    J’aime pas le sable

    Je n'aime pas le sable.

    beuurk...

    Dans les années 70, Françoise Claustre ethnologue française avait été détenue plus de 1000 jours otage par les rebelles tchadiens dans le désert du Tibesti .

    Charlie Hebdo avait alors titré « : Le martyr de Françoise Claustre : j'avais du sable dans la raie ».

    Le sable est une fieffée saloperie, il s'insinue partout, en particulier dans les tapis de sol de voiture ce qui est à proprement parlé odieux et insoutenable.

    Le sable est emmerdant et veule, il crisse révélant ainsi toute la bassesse de sa chétive constitution. Un coup de vent de sable et votre tartine de confiture de marron devient illico immangeable.

    Le sable au fond du bateau se transforme en redoutable abrasif, c'est pourquoi il faut toujours se rincer les pinceaux avant de monter à bord au risque de se casser la gueule ou de perdre une godasse.

    Non franchement le sable est une plaie, tenez d'ailleurs un peu de sable sur une écorchure… vous m'en direz des nouvelles.

    Il y a pire encore, le sable du sablier… passons sur un grumeau qui coince l'écoulement et qui vous foire un œuf coque mais quelle infamie que matérialiser la fuite du temps dans des ampoules de verre avec ce stupide et insaisissable minéral…

    une remarque au passage avez vous déjà vu une étape du Tour de France avec une arrivée au sommet de la dune du Pyla ? Pourtant nos seringues en vélo se tapent bien le Ventoux ou l'Alpes d'Huez … mais avez vous déjà essayé de pédaler dans le sable ? Pour se manger le guidon y a pas mieux et le sable dans la graisse de la chaîne : une horreur !

    Le bigorneau est un animal doux et docile mais le bigorneau négligeant, peu soigneux de sa personne, ensablé, vous ratatine les ratiches en moins de deux et je ne vous parle pas de la moule mal rincée, le cauchemar du gastronome.

    Et les portugaises ensablées ??? Demandez voir à Robert Hossein ce qu'il en pense…

    Pire que le vendeur de voiture d'occasion au regard torve, le marchand de sable,ce pédophile joueur de pipeau, zoophile sur nuage qui se tape un ours après Pimprenelle et Nicolas tous les soirs et personne ne dit mot… Ah c'est pas joli joli tout ça…

    Non, franchement… J'aime pas le sable.

     

    Juin 23, 2012 - Côté personnel    No Comments

    Parenthèse de la vie Twitter…

    Parfois surgie de Twitter, la tribu Jamois se matérialise l’espace d’un instant pour quelques heures de temps partagé.

    Ils arrivent de partout d’une traversée des Alpes, d’une ville française improbable, de la guerre, d’un TGV parisien, que sais-je encore, à chaque fois c’est pareil et pourtant tout est différent.

    Alors des cartons, des valises, des trucs et des machins dégorgent des voitures transformées en camionnettes de déménagement. L’espace d’un instant, la cour se transforme en plate forme logistique et la maison, bonne mère, avale et digère lentement les colis et les paquets pour un stockage long ou un transit temporaire.

    Dans un coin du jardin il y a maman qui pique et y’a papa qui tond.

    Charlotte fronce le nez plongée dans ses papiers et ses bouquins. De grands cris de veaux adolescents ponctuent les chamailleries des garçons, jamais les mêmes en même temps.

    Des kayaks stationnent dans la cour à côté d’une baignoire et bientôt les grillades finissent de griller dans le barbecue, sans histoire, car c’est tout ce qu’on leur demande. Un lascar se dévoue pour remonter de la cave des bouteilles de vins, du blanc, du rouge et du rosé c’est fête !

    Comme d’habitude, la table du salon est encombrée par une demi douzaine d’ordinateurs sans compter les tablettes et les téléphones qui vibrent ou sonnent de temps en temps.

    Jim extrait des châles et des casquettes d’un malle venue d’Afghanistan ainsi que des choses curieuses, des épices, des tapis un journal de guerre.

    Des images de montagnes lointaines, de vallées poussiéreuses d’hélicoptères, de blindés et de combattants clignotent dans la petite lucarne d’un ordinateur. Le vétéran raconte sa campagne d’Afghanistan, c’est presque comme à la télé sauf que là, on connait bien un des acteurs…

    Jim raconte sa guerre...

    Le temps s’étire paresseux et rapide à la fois, le dimanche après midi est vite là. La cour s’est vidée, les bagages sont bouclés et les oiseaux s’envolent seuls ou par groupe.

    Les volets sont fermés, l’eau, l’électricité et le gaz coupés, un dernier tour de clé et je m’en vais à mon tour.

    Un coup d’oeil sur mon téléphone, les premiers messages commencent à tomber envoyés  par ceux qui sont déjà arrivés quelque part.

    La vie Twitter reprend son cour normal…

     

     

     

    Juin 10, 2012 - L'os à voile    No Comments

    Le Navire Mystique


    Le Navire Mystique

    Il se sera perdu le navire archaïque
    Aux mers où baigneront mes rêves éperdus ;
    Et ses immenses mâts se seront confondus
    Dans les brouillards d’un ciel de bible et de cantiques.

    Un air jouera, mais non d’antique bucolique,
    Mystérieusement parmi les arbres nus ;
    Et le navire saint n’aura jamais vendu
    La très rare denrée aux pays exotiques.

    Il ne sait pas les feux des havres de la terre.
    Il ne connaît que Dieu, et sans fin, solitaire
    Il sépare les flots glorieux de l’infini.

    Le bout de son beaupré plonge dans le mystère.
    Aux pointes de ses mâts tremble toutes les nuits
    L’argent mystique et pur de l’étoile polaire.

    Antonin Artaud

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