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Mar 1, 2014 - Côté personnel    No Comments

Un weekend à Saint Flour ? Oui mais avec une raison valable…

Pour aller passer un weekend à Saint Flour il faut une raison valable.

Une durite de la 4 chevaux qui pète sur la route des vacances et le bouchon gras, la gitane papier maïs collée au coin du bec qui marmonne dubitatif devant le moulin fumant… « ben ça, faut commander la pièce »… Une thèse sur les Saints qui ne fourbissent pas de prénoms usuels (Flour, Ouen, Cloud, Front, Yorre…) J’allais rajouter Gildas mais j’ai eu un Gildas comme élève, lequel Gildas n’était pas breton mais africain, originaire d’un de ces merveilleux pays qui nous décline un florilège de prénoms qui renvoie la litanie des Mathis, Enzo et autres Kevin au magasin des cucuteries ambiantes… ah l’Afrique et la poésie de ses prénoms improbables… mais je m’éloigne de mon propos.

Non, notre raison était musicale. Hybernarock. Festival de musique cantalien qui avait inscrit dans sa programmation le nom d’un artiste que je souhaitais écouter depuis longtemps : Renaud Garcia Fons.

Alors ni une ni deux… Direction Saint Flour pour un week end cantalien.

Il faut dire qu’après une traversée de la Margeride, la vision de la ville ne manque pas d’allure ! Juchée sur sa planèze, plateau volcanique, la cité avec les tours de sa cathédrale en impose dans le paysage !

Sur la morne planèze, étendant ses bruyères
Le matin gris succède, à la nuit ténébreuse.
La brume se dissipe, aux confins des vallées.
C’est alors qu’apparaît, l’âpre Cité du Vent…

… dit le poète… ça oui du vent il y en a sur la ville haute ! Mais c’est l’hiver pas très étonnant qu’il fasse frisquet à 900 m d’altitude !

Le concert ayant lieu le soir nous avons l’après midi pour flâner, direction les deux musées de la ville et surtout la cathédrale.

Des cathédrales on peut en voir de toutes sortes, dentelles de pierres, arcs boutants et voûtes vertigineuses, statuaire allégorique et foisonnante, vitraux de lumière …

Mais la cathédrale de Saint Flour, non, ce n’est pas ça… Austère ? Oui peut être…

Comme si on avait greffé deux donjons de pierres grises sur un hangar à sous marins du mur de l’atlantique. Du solide fait pour durer, sans chichi, du costaud, pas de la cathédrale de frimeur. Oh mais tout ce qu’il faut à l’intérieur, quelques tableaux, un meuble doré tout ce qu’il y a de plus chic pour caser les nonos de Flour le saint patron En somme rien de superflu…

Et puis le concert…

Si nous étions venu spécialement pour écouter Renaud Garcia Fons voici qu’on nous proposait une première partie. Nibs van der Spuy …

Tiens donc un batave ? Voyons cela .

Mais point de hollandais, que nenni ! C’est d’un d’un Sud Africain qu’il s’agit… Un sudaf, un probable descendant de Boers …

Et là divine surprise ! Cela s’appelle une découverte.

Le garçon est d’un gentillesse extrême, d’un politesse exquise, le type hyper sympa, cool, vraiment un bon garçon.

Mais surtout quel talent ! De jolies balades bien troussées qui me font irrésistiblement penser à Sting. Il me revient en mémoire ce concert dans le théâtre antique de Vienne au crépuscule du siècle dernier, juste avant notre déménagement pour l’Anatolie… « English man in New York » dans le soleil couchant…

La musique de Nibs prend sa source dans les terres Zoulou de cette Afrique Australe lointaine que Johnny Clegg a su nous rendre plus proche. Asimbonanga !!!

Et puis vint Renaud Garcia Fons …

Le festival est placé sous le signe du voyage… Et quel voyage avec ce contrebassiste de génie… Quel trip !

Contrebassiste…

On garde en tête le doum, doum, doum répétitif derrière le chanteur à texte où les gros instruments qui grondent planqués derrière l’orchestre tandis que le premier violon miaule son solo sous le regard gourmand et complice du chef d’orchestre …

Oubliez tout cela … La musique de Garcia Fons se glisse entre pièces baroques du 17ème et musiques traditionnelles kurdes. Elle court sur des chemins de traverse, escalade les cimes du Taurus, plongent dans le faste de la Vienne impériale, glisse maquée sur un canal vénitien pour éclabousser de sang le sable d’une arène andalouse. La méditerranée cimente cette sarabande jubilatoire…

Je ferme les yeux et je me retrouve sur une de ces routes d’Anatolie que nous avons tant sillonnées. La steppe et ses collines couleur de paille, les vestiges d’un han, caravansérail seldjoukide de Cappadoce. Je ferme les yeux et je suis de nouveau à Ağzıkarahan près d’Aksaray. Il fait chaud, la voiture est poussiéreuse, les enfants courent se dégourdir les jambes… Tous non … Benjamin se rencogne dans son coin le nez dans son bouquin… Souvenirs…

Théorbe

Deux musiciens accompagnent le maestro. Un instrument déroutant, un théorbe, luth démesuré et un ensemble de percussion à main animé par un petit père génial habité par sa musique et qui tressaute au rythme de ses frappes.

Voyage…

Franchement vous en connaissez beaucoup vous des contrebassistes qui vous claquent un Flamenco sur leur instrument dans un dernier rappel ?

lien direct vers les photos (pour les handicapés du Flash…)

Fév 10, 2012 - Côté personnel    5 Comments

Ma petite banane de Proust…

Narguant le réchauffement planétaire, le froid  s’est abattu sur nos villes et nos campagnes. Le paysage se fige, les rivières sont prises par les glaces, le gasoil s’épaissit dans les réservoirs des véhicules… les déplacements se font plus difficiles, la gelure peu à peu nous engourdit.

Billevesées quand on songe au grand « hyver » de 1709 !  Moins 30° à Paris, la Seine totalement gelée ne permet aucune navigation, les vivres ne parviennent plus à la capitale. Au château de Versailles, Louis XIV lui même se voit contraint d’attendre que son vin daigne bien dégeler près du feu, ce dernier se figeant rien qu’en traversant une antichambre…

Calfeutré dans mon nid d’aigle de l’avenue Foch que je peine à réchauffer, je songe en terminant mon repas du soir… Mais d’où vient cette banane qui me tient lieu de dessert ?

Fruit du soleil et des tropiques échoué dans cette contrée gelée… pourquoi cette banane ravive d’un coup tant de souvenirs ?

Il me revient en mémoire notre jardin de Dar Es Salaam et ses petites bananes que nous ne mangions jamais, boulottées qu’elles étaient à peine mures par le jardinier. Nous ne faisions pas d’histoire, Marie rapportait du marché des paniers entiers de légumes et de fruits tous plus beaux les uns que les autres … et puis on racontait tant d’histoires sur ces petits serpents noirs cachés au coeur des régimes et qui, s’ils vous mordaient, vous faisait passer de vie à trépas en quelques minutes.

Dans le jardin une demoiselle nommée Charlotte  se balançait sur une balançoire de bois , Timy à quatre pattes grattait la terre d’Afrique et Jean-Marie mal éveillé de sa sieste couinait au seuil de la maison son biberon d’eau à la main.

Il faisait chaud dans la touffeur tropicale  de ce jardin où il y avait peu d’ombre.

Mais pourquoi fichtre donc  la banane s’associe t-elle dans mon esprit à un une image  de glace et de froidure ???

J’y suis ! L’image subliminale qui se forme c’est celle du bananier, du Chiquita Banana, que nous apercevions chaque jour en franchissant le grand pont au dessus du port de Göteborg pour rejoindre le centre ville. Chaque matin un nouveau navire déchargeait ses containers de bananes. En hiver la rivière Gotha où s’amarraient les bateaux charriait des glaces dans le petit jour blafard de ces contrées boréales…

Et puis plus vieux encore voici que remonte une savoureuse histoire de bananes … Imaginez vous pourquoi pendant 24h Sofia devenait une ville dangereuse aux trottoirs glissants ?

Glace ? Gel, verglas  ?

Pas du tout : la banane encore !

Dans les glorieuses années du socialisme triomphant la pénurie régnait sur les étals des marchés de l’est et les fruits exotiques n’étaient que du domaine du rêve pour le bon peuple.

Fort heureusement le papa de Pépito, un de nos plus brillants élèves de l’Ecole Française, ci devant ambassadeur d’Equateur, avait une mission capitale chaque année : organiser l’arrivée et le déchargement d’un bananier en provenance d’Equateur au port de Varna.

Le vulgum pecus, qui ne bénéficiait pas des magasins spéciaux de l’aristocratie rouge  régnante ne pouvait que rêver de ce fruit mythique. Alors quand une fois par an une distribution miraculeuse s’annonçait, c’était  la ruée dans les épiceries !

Mais conséquence de l’impatience, de la gloutonnerie, de la gourmandise tous s’empressaient d’avaler béatement, les yeux mi clos, une deux, voir trois bananes en sortant de la boutique et comme c’était l’usage, de balancer illico les peaux sur le trottoir…

Et voilà pourquoi il fallait veiller où l’on mettait les pieds sur les trottoirs de Sofia quand arrivait le bananier tant attendu du papa de Pépito pour ne pas risquer de se rompre le col en glissant sur une peau du beau fruit jaune…

Enfin dernier souvenir, il me revient au palais le goût parfumé de ces toutes petites bananes de la côte égéenne de la Turquie bien plus savoureuses que ces grosses fades bananes de nos supermarchés …

………….

épilogue : un caisse de bananes à celui ou celle qui postera le commentaire attendu concernant la banane… même si on se doute que c’est encore l’estonien qui raflera la mise !

dacosavoile

 
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