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Mai 5, 2006 - Côté professionel    No Comments

Le collège, dernier maillon…

… le maillon faible ????

… » Mais, dès le départ, le projet fut marqué par une ambiguïté constitutive : fallait-il faire un « super école primaire » ou un « petit lycée » ? Fallait-il y placer des instituteurs polyvalents ou des professeurs spécialisés ? Le débat n’a jamaisété tranché clairement »…Philippe Meirieu, lettre à un ami ministre (Luc Ferry).

Dernier maillon constitutif de notre système éducatif, le collège, issu de la fusion progressive de l’école primaire supérieure et des petits lycées… devenu collège à part entière puis tendant vers le collège unique … n’en finit plus de se chercher…
Au début du XXème siècle l’enseignement se caractérise encore par l’existence d’ordres distincts (primaire, secondaire, supérieur).
Pour chacun une « clientèle » différente, des établissements différents, des corps d’enseignants spécifiques et des objectifs différents…
Le collège va naître du rapprochement de deux structures primaire et secondaire
– d’un côté, Issue de l’école primaire : l’école primaire supérieure,
–  de l’autre côté les « petites classes des lycées
L’Ecole Primaire Supérieure était destinée à démocratiser la formation de l’élite républicaine et préparer, notamment, les futurs candidats pour l’Ecole Normale d’instituteurs,l’école primaire supérieure de Cluny [1]Les enfants des classes aisées de la société entraient à 5 ans dans les lycées, se présentaient douze ans plus tard au baccalauréat puis entraient dans l’enseignement supérieur. Ascenseur républicain : le concours des bourses permettait au sujet d’élite d’intégrer le lycée … voir Marcel Pagnol, souvenirs d’enfance…
Les tentatives de réformes sont nombreuses (une quinzaine !) sous la III ème République, une des plus importantes est à mettre au crédit des « Compagnons de l’Université Nouvelle » qui souhaitaient la création d’une « école unique ».
Mais on peut également citer des intiatives gouvernementales : Jean Zay en particulier [2]La période de Vichy est contrastée, si l’on note un retour sur la gratuité pour les études secondaires, c’est néanmoins en 1941 que l’on assiste à l’intégration complète des écoles primaires secondaires dans l’enseignement du second degré et leur transformation en collèges « modernes ».
Le lycée se prévalant de la suprématie de l’enseignement »classique »Le plan Langevin Wallon dans l’immédiate après guerre : c’est en 1944 que le ministre de l’Education Nationale, René Capitant charge une nouvelle commission de préparer une réforme complète de l’enseignement français. Elle a très vite porté le nom de son premier président Paul Langevin puis après la mort de celui ci(décembre 46) de son successeur Henri Wallon.Dubet et Meirieu : une lecture du plan langevin Wallonprojet Langevin WallonLe rapport Langevin-Wallon, Suivi de « Tout a été dit. Tout reste à faire » et de « Que reste-t-il du plan Langevin-Wallon ? »
L’appartenance de ces deux hommes au parti communiste français a, dans le climat de guerre froide naissante, fortement pesé et discrédité leurs travaux. Non seulement le plan Langevin Wallon ne fut jamais appliqué mais il ne fut même  pas discuté à l’assemblée nationale…
1959 : réforme Berthoin L’obligation scolaire est portée à 16 ans. Les cours complémentaires (des écoles primaires) deviennent des collèges d’enseignement général (CEG). – Mon père instituteur au départ devient à cette époqueprofesseur de CEG…
réforme Fouchet (1963 et 1964) : Création des CES, suppression de l’examen d’entrée en sixième.1975 : la loi Haby instaure le collège uniqueLe Collège de l’an 2000 : rapport à la ministre déléguée chargée de l’enseignement scolaire (Collection des rapports officiels)Collège de l’an 2000

 

[1] rappel 1833 : Loi Guizot, naissance de l’enseignement primaire public : une école normale par département, une école primaire supérieure dans les communes de plus de 6 000 habitants, une école primaire par commune.[2]L’école du peuple, c’était ses classes primaires, élémentaires puis supérieures qui débouchaient au mieux vers les concours de la fonction publique.
Le lycée, avec ses « petites classes » que suivaient les parcours dans le secondaire, puis le supérieur, c’était l’école de la bourgeoisie. Ordres étanches, qui limitaient les chances de promotion des enfants du peuple et protégeaient ceux des familles bien nées de la concurrence de masse qu’entraînerait la démocratisation  du secondaire.
Le projet de Jean Zay était de substituer à ce système, à vrai dire peu conforme aux principes libéraux et républicains, un enseignement unifié en degrés successifs, avec étapes d’ « auscultation », permettant à tout élève de s’orienter en fonction de ses capacités, et non de ses origines. La démocratisation des bourses d’étude devait permettre de gommer les inégalités dues aux seules ressources financièresdes familles.
Comme toute réforme du système éducatif, un tel projet ne pouvait faire moins que provoquer les réactions des positions établies, car derrière une réforme du système éducatif c’est toujours un projet de société qui se dessine.
Cerné par les conservatismes, Jean Zay échoua le 5 Mars 1937 devant un parlement rétif, et amorçât sa réforme parla voie réglementaire. Les enseignants du secondaire craignaient pour leur prestige, et la droite conservatrice n’a jamais vraiment goûté l’ouverture des lycées Parisiens aux enfants d’ouvriers.
Il n’empêche, l’école démocratique et républicaine était née, son élan sera complété plus tard, et c’est à Jean Zay que nous devons d’avoir mis un terme à une organisation qui institutionnalisait l’école de classe, et faisait obstacle à toute mobilité sociale ; c’est un héritage immense et précieux.
Avr 14, 2006 - Côté professionel    No Comments

Mission TICE premier degré 2004 – 2006

Mission TICE premier degré 2004 – 2006

Cette mission TICE au CDDP de Charente Maritime aura été pour moi l’occasion de plonger dans les arcanes du fonctionnement de la France.

Lorsque l’on revient d’un séjour assez long de l’étranger, retrouver la France c’est retrouver la Gaule et ses tribus, les territoires réservés, les prés carrés où il n’est pas de bon ton de s’aventurer si l’on est « étranger ».

Ce fonctionnement se retrouve dans différentes strates de la société que l’on se place sur le terrain politique, administratif, professionnel, sportif…Poursuivant un même objectif, défendant la même cause, nous ne pouvons à un moment nous empêcher de nous sentir viscéralement concurrents…

J’ai toujours en tête une image… Lors de notre séjour en Suède nous étions partis dans le cadre du projet de fusion entre Renault et Volvo, deux grands constructeurs automobiles s’il en est … Pourtant là aussi, culture d’entreprises différentes. A l’occasion de Noël un petit spectacle de théâtre et de sketchs avait été organisé par des personnels des deux entreprises. Un épisode illustrait bien ce constat : sur la scène on voyait, face au public, deux équipes de sportifs, coureurs à pied, qui mimaient une course à pieds au ralenti. La musique du film « les chariots de feu » constituait le fond sonore : l’équipe suédoise (avec Volvo sur le maillot) était ordonnée, dès qu’un coureur semblait perdre du terrain, les autres le soutenait, le poussait en avant, le groupe faisait bloc… les français (avec Renault sur le torse) commençaient à jouer des coudes, à se tirer par le maillot, à se faire des crocs en jambes faisant tout pour occuper la première place au sein de l’équipe. Ce sketch illustrait parfaitement la situation, les suédois privilégiant l’esprit de corps, le premier ralentissant pour attendre les autres, les derniers étant aidés, et au final, c’est l’équipe entière qui triomphait.

Chez nous c’était une compétition acharnée dans l’équipe, place à l’individualité, au petit leader, vite remplacé par un autre, le tout dans une confusion extrême…La moralité de tout ça ? Pas si simple… Au final si l’on y réfléchit bien, les Renault et les Volvo sont de bonnes bagnoles toutes les deux !!!

Pour en revenir à la mission… Tout commence par une ambiguïté : dépendant officiellement de l’inspection académique je suis placé sous l’autorité du directeur du CDDP… Choisis ton camp camarade !

Il ne m’a fallu longtemps pour ressentir les tensions entre les deux « maisons »… Pas de guerre ouverte à proprement parlé mais une situation au final qui débouche sur un gaspillage de temps et d ‘énergie pour faire progresser les choses.

Pour moi une mission c’est un objectif qui est fixé au départ et pour lequel on rend compte au bout d’un certain laps de temps… dans le cas présent difficile de prendre la moindre initiative sans en référer de manière incessante à tous les échelons de la hiérarchie, de piétiner, de revenir en arrière, de calculer les réaction de un tel et un tel… De ne froisser aucune susceptibilité.

L’éducation nationale est une grosse machine, une très grosse machine administrative pour qui a connu la nage avec palme à l’étranger ici plutôt c’est le scaphandrier à pied lourds qui prend la place !!

Au delà de l’administration on rentre dans la sphère politique locale… J’ai beaucoup apprécié de travailler avec l’association des maires de Charente Maritime et le syndicat informatique, organismes qui tentent de fédérer certaines actions , essentiellement sur un plan technique.

J’ai été amené à côtoyer et à rencontrer sur le terrain de nombreux élus. Parfois,au fil des rencontres et des réunions les discussions dépassaient mon sujet, l’informatisation des écoles, pour pénétrer dans les querelles et les conflits locaux…

L’école est au carrefour de ces deux mondes : le monde centralisé et jacobin de l’administration de l’éducation nationale et le monde profondément local de la commune… Les ordinateurs sont propriétés de la commune mais l’usage qui en fait est revendiqué par l’éducation nationale… oui mais si un usage délictueux est fait sur l’ordinateur c’est le maire qui, au final, sera responsable…

Alors bien sur on progresse, l’état met des moyens à disposition pourtant que la commune prenne des initiatives au niveau de l’équipement passe encore si elle ose entrer dans les usages … catastrophe !

Que n’ai je pas entendu des uns et des autres ! Pourtant que de bonne volonté de « chaque côté » mais que de querelles stériles, que de procès d’intention…

Le plan AIRE a ceci de particulier et d’intéressant qu’il transcende tous les clivages et tend vers un fonctionnement partenarial entre l’état et les collectivités locales.

J’ai particulièrement apprécié de me trouver au milieu de ce dispositif et de tenter de nouer des fils entre toutes les parties. Voilà bien le genre de mission qui me plaît…

D’autre part gérer cette logistique de transfert de machines des collèges vers les écoles consistant à organiser le passage d’un échelon territorial (le Conseil Général) à un autre (les communes) tout en oeuvrant en tant qu’agent de l’état me plaçait au centre même d’une logique d’aménagement du territoire, tâche concrète et motivante s’il en est !

Documents joints

Rapport d'activités 2005
Rapport d’activités 2005
Avr 13, 2006 - Côté professionel    No Comments

lettre de motivation

Concours chef d’établissement 2ème classe


Le déroulement de ma carrière m’a conduit à assurer de manière continue la gestion et l’animation d’équipes éducatives. Bien qu’étant issu du premier degré, mon expérience s’est également étendue au second degré par le biais du réseau des établissements de l’étranger où j’ai exercé à plusieurs reprises les fonctions de directeur faisant fonction de chef d’établissement.La gestion efficace d’un établissement scolaire au service des élèves ne peut s’envisager sans une maîtrise des techniques de communication au sein de la communauté éducative et en particulier en direction des parents d’élèves. C’est une pratique qui m’est familière à travers l’animation de conseils d’écoles et d’établissements. Je suis également en mesure de communiquer dans d’autres langues que le français.Mon engagement dans le monde associatif m’a conduit à développer des compétences dans le domaine de la gestionfinancière et comptable. J’ai en particulier occupé à deux reprises les fonctions de trésorier d’un important club sportif de la région lyonnaise comportant une gestion complexe de personnel, ainsi que celles d’administrateur bancaire au sein de la Caisse de Crédit Mutuel Enseignant du Sud Est.Durant mon détachement à l’Office Central de la Coopération à l’Ecole j’ai assuré de nombreuses missions de formations auprès des enseignants du Rhône dans le cadre d’animation en circonscription d’I.E.N. ou à l’I.U.F.M. de Lyon. En tant qu’animateur fédéral chargé du secteur Internet j’ai contribué à mettre en place un dispositif national de communication et d’échanges et animé de nombreuses formations des personnels de l’OCCE dans toute la France.L’utilisation, le développement et la gestion d’applications informatiques constituent pour moi des pratiques courantes.Bien que marquée par la mobilité, ma carrière s’est déroulée sans rupture, chaque étape apportant une expérience nouvelle. Je souhaite désormais donner une nouvelle impulsion à mon parcours professionnel en assurant la charge de chef d’établissement dans le second degré. Je prends cette décision après mûre réflexion. Je ne quitte pas le premier degré sans une certaine nostalgie, et je suis conscient des difficultés qui m’attendent. Si je possède des atouts qui me permettront de réussir il n’en demeure pas moins que j’aurai des lacunes à combler rapidement en particulier pour ce qui concerne des points propres au second degré. Mais tout ceci constitue un défi motivant que je souhaite relever avec fermeté.

CV – enseignant au parcours atypique ?

On n’échappe pas à son destin…
Petits commentaires de mon CV téléchargeable…
A l’occasion d’un entretien professionnel je me suis vu qualifier d’enseignant au parcours atypique…

Et la blouse blanche vira au gris…

30 ocobre 1957 : premier jour ! - JPEG - 19.2 ko

30 octobre 1957… j’ai un à peine un jour ! Ma mère rêvait de faire de moi un pharmacien, synthèse harmonieuse entre l’épicerie familiale, le commerce et le prestige de la médecine. Mon père, tous les matins, chevauchant son Caddy [1] pour rejoindre son poste de professeur de sciences naturelles de collège, longeait les serres, les laboratoires et les champs expérimentaux des chercheurs de l’INRA [2]. C’est donc en chercheur jardinier qu’il m’imaginait volontiers…Dans les deux cas je ne coupais pas à la blouse blanche…

JPEG - 9.7 koEt moi… je rêvais de grand large, je me voyais bien commandant de cargo, capitaine du Karaboudjan… sillonnant les mers et les océans……On ne me décourageait pas vraiment, ça allait me passer… On se contentait de bien me faire sentir tous les  inconvénients de cette profession qui vous éloigne la plus grande partie de votre temps du logis familial où se morfond une épouse éplorée et résignée… On soulignait avec insistance l’inconfort des tempêtes, la cruauté des indigènes et l’épreuve douloureuse des maladies tropicales… Dans les « années collèges » à Avignon , j’avais réussi à trouver un compromis : l’océanographie !

En fait ce qui m’intéressait c’était encore plus la littérature où l’histoire mais le leitmotiv du grand Destop revenait sans cesse : pas de débouché !!!Hors des filières scientifiques, point de salut : tu feras une seconde C mon fils … Océanographie ? Mais allez donc trouver une école d’océanographie … Le grand dépendeur d’andouille dont je ne souviens pas le nom et qui faisait office de conseiller d’orientation m’avait lorgné d’un drôle d’air… trop regardé Cousteau mon p’tit gars…

Alors le bac est arrivé et très curieusement je l’ai décroché avec, qui plus est, un ersatz de mention … Pour finir, ce fut la fac de médecine avec une idée en tête : devenir « fly doctor »… Mais on n’échappe pas à son destin…

Déjà à la fin de la classe de troisième j’avais failli y passer à cause du coup du 420… Mon père m’avait dit : « si tu réussis l’Ecole Normale je te paye un 420 !! »Gloups… un 420…

Le concours de l’école Normale en fin de troisième c’était un peu l’Everest des concours… Réservé aux élites de l’école républicaine… Loin d’être un mauvais élève je n’étais pas un aigle non plus… Mon père ne risquait pas grand chose avec le 420… Et bien, mais dites moi … Ne voilà t-il pas que je me retrouve admissible !

Exploit stupéfiant qui m’ouvrait les portes d’études balisées et la promesse de surfs mémorables à la barre de mon 420… Mais hélas (heureusement ?) collé à l’oral…Donc je vous passe les détails, deux ans de fac de médecine à Nîmes, pas assez de travail et pas de réussite au concours … Un petit tour de quelques jours en fac de biologie à Avignon (tiens voilà l’INRA qui repointe le bout de sa blouse) et … re concours d’Ecole Normale à Nîmes cette fois.Verdict : 7ème et dernier sur la liste supplémentaire… A moi l’INRA …Et puis on n’échappe pas à son destin : l’école Normale de Lyon recherchait de vaillants sujets dans les listes complémentaires des autres écoles normales pour compléter ses rangs.

GIF - 48.5 koEt voila comment par un beau matin d’automne je gagnais la capitale des trois Gaules débarquant à la gare de Perrache pour escalader la colline de la Croix Rousse où se situait l’Ecole Normale d’instituteurs de Lyon… Résultat des courses : je ne coupais pas à mon destin, j’allais être instit comme papa et maman… à moi la blouse grise du maître d’école…

Instituteur et directeur au long cours.

Pour moi l’école c’est un peu comme Obélix avec la potion magique, j’y suis tombé dedans quand j’étais tout petit… Mes chers parents étaient un couple d’instituteurs de campagne à la Ferté Vidame (Eure et Loir). Quand je suis né ils habitaient l’école. J’ai donc eu tôt fait de glisser dans le moule républicain, d’épouser mon institutrice au passage et de me lancer dans la vrai vie… Les années d’Ecole Normale furent deux années de vrai bonheur, la chance de me plonger par un concours de circonstances, ce qui constituait autrefois « l’esprit de promo ». Première expérience professionnelle : Vaulx en Velin… « Zil en Zup ». La banlieue, et déjà la castagne et les voitures qui brûlaient… Mais la découverte de collègues merveilleux, des gens qui y croyait … de vrais instits …mais arrive ce qui constituera le point de départ de périples hors de France, tous les sursis étant épuisés il fallait répondre à l’appel du service national.

Ce sera la « coopération » et une destination aussi inconnue qu’inattendue : Bucarest, Roumanie… de l’autre côté du mur…

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Legitimatie

 

Découverte d’un autre monde et redécouverte de mon métier avec cette idée de mission qui se forge et qui guidera toute la suite.

A l’issue des deux années en Roumanie nous sommes censés traverser l’Atlantique direction le lycée de New York. Au dernier moment le rêve américain tombe à l’eau et nous nous résignons à reprendre le cours des choses normales dans notre département du Rhône. Mais sur la fin de l’été nouveau coup du sort ou plutôt de téléphone et deux destinations s’offrent à nous : Portland Oregon avec la Mission Laïque ou Sofia, Bulgarie, avec le ministère des Affaires Etrangères. Le choix est cornélien entre une destination, l’Amérique, et une famille la MLF que je n’aurais de cesse de retrouver et un poste certes mal payé mais de « directeur » en Bulgarie.

Et ce fut la Bulgarie pour six années. Six années riches et pleines sur le plan professionnel : apprentissage de ce qui allait devenir mon métier principal : directeur d’école.

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Kniajevo

 

L’école en grandissant déménagera trois fois : Kniajevo est la deuxième…En six ans de travail passionné et passionnant la petite école de deux classes primaires est devenue un collège avec même un embryon de lycée…

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Sofia… maître d’école

 

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Rentrée scolaire à Sofia

 

Rentrée scolaire dans la troisième école, Vokolamsko Chaussée, avec Gilles et Morinos Quand nous avions quitté Bucarest nous avions dit « n’importe quel pays sauf un autre pays de l’Est et ce fut Sofia… Après la Bulgarie nous sommes dit « n’importe où, sauf l’Afrique ».

Nous avons donc pris la direction de la Tanzanie. Servir à l’étranger ce n’est pas un tourisme professionnel organisé au frais de la République, servir à l’étranger c’est accepter d’accomplir une mission quelque soit le lieu… Peu importe la destination, ce qui compte c’est ce que l’on doit y faire.

A Dar Es Salaam j’ai persévéré dans ce qui allait devenir ma façon de travailler : investir tout ce qui avait été appris dans le poste précédent et acquérir de nouvelles compétences pour le suivant. Un réseau local de formation continue pour les enseignants recrutés locaux est ainsi né.

Après dix années passées hors de France soit nous devenions des expatriés professionnels, soit nous retournions nous ressourcer. C’est donc à notre demande que nous regagnons la France. Il s’en ai fallu d’un cheveux que nous reprenions la direction des Balkans avec la Mission Laïque mais les guerres de Yougoslavie venaient d’éclater et le projet ne put aboutir.

Retour sur Lyon. Première absurdité administrative, alors même que j’avais occupé deux directions d’écoles, complexes à gérer, que j’avais été inspecté et évalué par deux fois, par deux inspecteurs différents venus de France et alors que je me proposais de prendre n’importe quelle direction d’école dans n’importe quelle localité du département du Rhône voilà que l’on me recalait au motif que je n’étais pas inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de directeur d’école ! Le tout dans un contexte de pénurie qui conduisait l’administration à nommer directeur d’office, des instituteurs adjoints qui n’en avait cure !

Qu’à cela ne tienne ! J’en ai profité pour étoffer mes compétences pédagogiques en me portant volontaire quelques semaines après la rentrée scolaire pour un poste de « maître ZEP ». J’ai pu ainsi pénétrer le milieu associatif, participer au développement des quartiers, visiter de nombreuses écoles partager le quotidien de différentes équipes pédagogiques en somme engranger de précieuses informations pour la suite…

Un an après, adoubé réglementairement je pouvais prétendre de nouveau à une direction d’école.

Saint Cyr Au Mont D’Or, une très belle école en pierre jaune, un esprit de village, tout en périphérie de la grande agglomération lyonnaise. J’ai bousculé un peu la torpeur, appliquant des méthodes de communication et un savoir faire acquis à l’étranger dans cette paisible commune des Mont D’Or. Avec beaucoup de succès et toujours et surtout beaucoup de plaisir !

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Saint Cyr au Mont D’Or

 

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CE1

 

Cette courte période a été féconde à double titre sur un plan strictement professionnel je suis rentré de plain pied dans la pédagogie coopérative avec ma classe de CE1, avec le recul probablement ma meilleure expérience professionnelle avec des élèves.

La deuxième avancée je la dois au monde associatif, enrôlé dans le groupe des dirigeants de mon club de voile, le Cercle de la Voile de Lyon je me suis retrouvé propulsé trésorier et gestionnaire d’une PME associative. J’ai appris sur le tas la comptabilité, la gestion, je me suis colleté aux déclarations de charges, l’établissement des feuilles de paye, l’URSAF les ASSEDIC, la DDAS de fin d’année. Préparer un bilan un compte de résultat. Un autre métier !

Mais l’appel du large nous fit prendre la direction de la Suède, embarqué dans les bagages de l’entreprise Renault qui tentait une ambitieuse fusion avec le suédois Volvo.  Découverte d’autres univers à Götteborg , la culture d’entreprise, le concept de qualité totale. Le modèle suédois et une autre façon d’enseigner qui nous faisait passer aux yeux de nos collègues suédois pour de dangereux bourreaux d’enfants Las ! le mariage industriel tourna au divorce et nous regagnâmes la France avec les restes de l’armée en déroute… Cette fois mon certificat de baptême est à jour et me voici directeur d’une école de 9 classes à Ecully dans le Rhône.

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Ecole du Centre Ecully

 

J’aurai l’occasion de revenir sur le dur métier de directeur d’école, sur le grand écart qu’impose la pratique simultanée de deux métiers : enseignant et directeur d’école. Ecully à ce égard (de triage) n’était pas une sinécure… Aussi quand un matin je suis « tombé » sur une petite annonce du journal des coopératives scolaires qui détaillait le profil souhaité du nouvel animateur départemental pour l’association du Rhône j’ai tout de suite senti que ce poste était pour moi.

Nouveau plongeon dans l’inconnu mais je me sentais bien armé avec mes différentes expériences acquises sur le terrain de l’école et dans le monde associatif. Et c’est ainsi que durant 5 années je me suis temporairement éloigné de l’école. Cinq années passionnantes où j’ai pu mettre à profit dans un premier temps, toutes les compétences acquises dans le domaine de la comptabilité dans puis dans l’informatique avec le début de l’aventure Internet.

Animateur départemental puis national(à mi temps) j’ai pu sillonner mon département le Rhône allant d’école en école, de collège en IME, des villes à la campagne mettant le doigt sur la grande diversité des situations d’enseignement.Formateur d’adultes également dans différentes villes de France.Associé à des réflexions nationales au sein de l’OCCE et ses groupes de travail j’ai pu avoir le sentiment d’agir au cœur du problème, peut être même d’avoir contribué à faire évoluer certains dossiers en particulier pour ce qui concerne le problème de l’argent à l’école, certains dossiers juridiques. Formateur d’adultes : comptabilité et informatique, je continue à acquérir de nouvelles compétences. Dans un autre secteur associatif je participe à une nouvelle aventure : la création à Lyon de la caisse de Crédit Mutuel Enseignant, plongée dans le monde de la banque et de la finance, je participe même à des stages de formation organisés par la Fédération centre Est-Europe du Crédit Mutuel.

Encore une fois au bout de cinq ans j’éprouve le besoin de retourner sur le terrain, de tourner la page. Cette fois c’est l’AEFE qui me recrute pour un poste jugé difficile à Ankara en Turquie. Mon prédécesseur ayant été mis sur la touche est toujours en poste dans l’école « rétrogradé » au rang d’adjoint. La planche promet d’être savonnée…Elle le fut ! mais la situation se rétablit assez vite et malgré de grosses difficultés matérielles en début de séjour, Ankara sera une nouvelle expérience enrichissante.

Je suis statutairement placé sous l’autorité d’un chef d’établissement mais ce dernier ou plutôt ces derniers, ils seront deux à se succéder à ce poste durant mon séjour, avec qui j’ai entretenu d’excellents rapports professionnels et humains m’ont délégué une très large marge d’autonomie. Autonomie accentuée par l’implantation sur deux sites différents des deux entités, école et lycée qui constituent l’établissement. Directeur d’école est un métier ingrat je le mesure une fois de plus. J’ai plus d’élèves qu’au lycée/collège et pourtant ils sont sept personnes à assurer tout ou partie des tâches que j’accomplis chaque jour ! Et en plus je dois un service partiel devant les élèves !

C’est alors que naît le désir de trancher une bonne fois pour toute, de cesser le terrible et désastreux grand écart entre la classe et la direction… Devenir chef d’établissement. Et je retrouve les joies de l’administration…Passe encore qu’après cinq années à l’OCCE où chaque année je participais à la formation initiale des directeurs d’école où j’animais fréquemment des conférences pédagogiques à l’attention des directeurs d’écoles mais à l’issue desquelles il m’a fallu repasser l’entretien pour être apte aux fonctions de directeur d’école !(que j’ai passé avec un IEN chez qui j’avais quelques semaines auparavant assuré une animation avec des directeurs de sa circonscription !!!) Cette fois l’obstacle est de taille : pour me présenter au concours il faut avoir été au moins 5 ans directeur d’école dépendant du Ministère de l’Education Nationale… Directeur je le suis depuis plus de 15 ans… mais essentiellement à l’étranger, alors même que sur ces postes j’ai fait fonction de chef d’établissement ayant en charge des classes de collège et de lycée… ces années là ne comptent pas …

Je me présente malgré tout aux épreuves après m’être préparé avec le CNED, je suis déclaré admissible mais j’échoue à l’oral. J’ai bien analysé et compris les raisons de cet échec, avec le CNED j’avais bien assimilé la méthodologie de cette épreuve assez particulière et difficile mais j’étais « trop court » sur certains sujets de base.

Après quatre ans passés en Turquie nous estimons qu’il est temps de nous reprendre le chemin de la France. Dans l’intérêt du poste que j’occupe : le directeur est seul élément mobile de l’équipe il m’apparaît impératif d’apporter du sang neuf et un renouveau. D’autre part nous sommes deux et Marie mon épouse à besoin de retrouver un poste plus gratifiant que celui qu’elle occupe dans son lycée turc.

Le retour sur la France nous conduit sur les rivages atlantiques, à la Rochelle et par le jeu très conventionnel des mouvements administratif et de quelques entretiens, j’obtiens un poste encore très différents de tout ce j’ai pu faire auparavant : chargé de mission au centre de Documentation Pédagogique de Charente Maritime. Poste que je détaillerai dans un article particulier.à suivre…

PDF - 89.8 koCV Marc Jamois


[1]cyclomoteur de la marque Motobécane, vitesse limitée à 35km/h mais à graissage séparé ! JPEG - 8.8 ko[2] Institut de la Recherche Agronomique
Avr 12, 2006 - Côté professionel    No Comments

Ecriture d’un roman scolaire

ficelles et recettes de cuisine…Quelques idées pour écrire et produire un roman scolaire pouvant déboucher sur la mise en place d’une classecoopérative (Sur la base de trois expériences vécues.)

La tentation est grande de vouloir se lancer dans la pédagogie coopérative, mais la question qui se pose c’est :« comment démarrer, comment commencer ? »
La classe coopérative ne se décrète pas, elle est la résultante d’une démarche active, elle même conséquence du développement d’un projet pédagogique auquel elle apporte les moyens de sa réalisation.Une fois enclenchée la démarche coopérative « s’auto-alimente » elle va susciter de nouveaux besoins, de nouveaux développements, de nouvelles pistes qui toutes sont ancrées sur le concret. C’est tout naturellement qu’émergeront les notions d’entraide, les situations de communication et d’écoute qui sont la marque de la classe coopérative… Autour du projet initial, toute une arborescence, tout un enchaînement de questions/réponses, d’objectifs à atteindre pour passer à l’étape suivante va se développer.Le maître va alors bâtir sa classe en s’appuyant sur des réalités concrètes et motivantes pour les enfants et sur lesquelles il va rattacher les progressions de ses apprentissages. Alors seulement les outils que constituent le conseilde coopérative, la tenue d’une comptabilité, de registres apparaîtront comme nécessaire et utiles.Alors comment démarrer, comment organiser une classe coopérative ? La réponse est simple : il faut partir d’un projet pédagogique qui fédère l’action de tous les élèves, un projet où toute la classe va participer et parmi plusieurs les possibilités, je propose la rédaction d’un roman scolaire.
Voici trois pistes, trois démarches pour écrire un roman scolaire avec sa classe. (Seule la première expérience a donné naissance à une classe coopérative).
Résumé des principales étapes pour écrire un roman scolaire :
I – Avant la phase d’écriture : travail de préparation et de motivation
II – Phase d’écriture proprement dite :
- Préparation collective de la trame et du choix des personnages,
- Découpage du texte entre tous les élèves,
- Écriture proprement dite,
- Synthèse finale
III – une troisième phase pourrait être : « et après qu’est ce qu’on fait du livre » ?
Une des difficulté principale consiste à organiser le projet d’écriture pour toute une classe, de telle sorte que chaque élève puisse produire un élément de ce qui constituera le produit final : « un véritable livre ». Le découpage et la distribution des différentes parties du livre constituent les difficultés majeures, pour réaliser ce patchwork de l’écriture j’ai utilisé plusieurs techniques que je détaille ici.

Première expérience : travail au CE1 : (avec 26 élèves : en France, milieu semi-urbain : banlieue résidentielle de Lyon Saint Cyr Au mont D’Or)

Imprégnation libre : Dans un premier temps, les enfants ont lu et apporté un grand nombre de petits albums de lacollection « Monsieur », « Madame ». Les livres étaient disposés sur un présentoir et étaient à disposition de tous. Très vite apparaît l’idée « d’en faire un ».

Préparation collective : le choix du personnage : pour arriver au choix final plusieurs techniques sont abordées : discussions collectives, votes, tirages au sort … En fin de course, un personnage émerge et prend forme : dans ce premier cas, il s’agissait de « Monsieur Cool ».

Longue phase orale : il s’agit de s’approprier le personnage de lui donner corps, des sentiments, des attitudes et un »look ». On en arrive à une phase de dessin pour se le représenter avec des détails et accessoires qui resteront. Monsieur Cool était un personnage à qui il arrivait toutes sortes de malheurs et de difficultés sans que cela n’entame son flegme …

Dans le modèle choisi : format carré, une page image au graphisme simple alterne avec chaque page texte, il est facile de faire vivre le personnage visuellement… Monsieur Cool avait un petit chapeau et une pipe, chaque enfant qui le dessinait ensuite le rendait chaque fois identifiable, malgré les différences de graphisme, par la présence de ces accessoires.Découpage : pour Monsieur Cool le découpage que j’avais choisi reposait sur la semaine, ce qui, soit dit au passage, correspondait au travail mené parallèlement sur le temps en histoire. Le personnage vivait une semaine, où chaque jour il affrontait une difficulté nouvelle.

Chacun des jours pouvait donner lieu à l’écriture de 1 à trois textes. Le découpage a été réalisé en phase collective : tel jour, telle difficulté. Les textes ont été écrits par groupes de 2 à 4 élèves maximum. Chaque page était ensuite illustrée par des élèves différents (il n’y avait pas « un illustrateur).

Le livre a été réalisé sur une période de presque un trimestre, démarré avant la Toussaint, le livre a été imprimé pour Noël. Réalisation technique simple : photocopie, agrafage, massicotage avec les moyens de l’école et la Mairie.Dans ce projet c’est le « et après » qui s’est révélé le plus enrichissant pour la classe. Une fois la satisfaction du travail effectué « on a fait un vrai livre », des habitudes étaient prises par la classe et c’est tout naturellement une classe coopérative qui est né du projet.

Le livre a été exposé dans un salon du livre de Jeunesse (Salon du livre de jeunesse des Mont D’Or) à côté d’autres « vrais livres » ! Les élèves ont voulu ensuite vendre le livre, ce qui a été fait puis dans la foulée un journal est né : le « Coin-Coin Illustré ». L’idée d’utiliser ces ressources pour faire un voyage en fin d’année est apparue à partir de la rentrée de janvier, toute la vie de la classe s’est alors organisée dans ce but.La préparation du voyage m’a permis de raccrocher tous mes apprentissages de l’année dans quasiment tous les domaines sur des actes concrets. Il a fallu écrire, sedéplacer, chercher des horaires de train, de bus, étudier de la documentation, calculer à tout moment, rédiger des chèques, porter de l’argent à la poste, tenir une comptabilité, utiliser un minitel, demander des subventions, recevoir la presse locale…

Dès lors tout s’est enchaîné : il est apparu qu’il fallait trouver un espace de parole (le conseil de coopérative), développer les notions d’écoute de l’autre, d’entraide (car le principe de base était « on part tous , ou l’on ne part pas du tout » donc coopérer avec le copain pour l’aider à réussir devenait capital pour soi même !Et après bien des difficultés, bien des moments de doute mais aussi bien de moments excitants et passionnants, lesjournalistes du Coin Coin Illustré sont allés à Paris (en TGV et en première classe s’il vous plait !), sont montés au premier étage de la Tour Eiffel, on fait le tour de Paris en autocar et en Bateau Mouche… Mais pour tous ce voyage n’a constitué que la cerise sur le gâteau, l’essentiel s’était passé avant … Bref une année inoubliable pour mes élèvescomme pour moi …

Mais cette année-là, je me suis un peu moins occupé de ma direction d’école…

Deuxième expérience : travail au CM1/CM2 avec 9 élèves : école de la Mission Laïque à Göteborg en Suède. Durée : presque deux trimestres

Préparation : le livre « Journal de Georges Bouton Explomigrateur » de Gérard Moncomble a été lu et étudié en classe. Travail classique sur une lecture suivie : questions, jeux de lecture, lecture silencieuse, quelques phases de lecture orale…Une fois l’étude terminée, j’ai soumis aux élèves l’idée de réaliser un livre en imitant le style du livre (farfelu et drôle). L’idée a été adoptée avec enthousiasme par la classe.Compte tenu du faible effectif il a été beaucoup plus facile de résoudre un certain nombre de problèmes pratiques : choix du héros et des personnages, lieu où se déroule l’aventure.En fait celle-ci se situait en Suède, le héros rencontrait la classe et vivait des aventures qui prenaient place dans des lieux visités par les élèves dans le cadre de leur vie à Göteborg et dans le cadre d’activités vécues par la classe visites dans un parc d’attractions, au musée d’histoire naturelle, dans un chantier de construction d’un navire viking, à l’école avec rencontre de personnages réels connus des élèves etc …Une fois l’intrigue adoptée : le héros venait rechercher l’existence des Trolls en Scandinavie et la structure du livre reposant sur le journal, il a été facile de découper les aventures en séquences plus ou moins indépendantes les unes des autres.Certaines séquences ont été écrites « à la manière de » en reprenant le style et le ton de l’auteur du livre étudié, d’autresétaient tout à fait originales. Toutes les situations reposaient sur des expériences vécues et connues des enfants la motivation est restée soutenue. À la fin un travail de cohérence à été mené, il a fallu faire quelques « raccords », mais l’ensemble avait acquis une cohérence.Les illustrations ont donné lieu à un travail également collectif, comme pour Monsieur Cool il a fallu donner une apparence identifiable à coup sûr au héros principal ainsi qu’aux personnages récurrents.Une fois le livre écrit, un travail manuel a été réalisé car les enfants ont travaillé à la fabrication du livre proprement dit dans le cadre d’un atelier de reliure.

Troisième expérience : CE 1, 23 élèves, milieu urbain, Ecully (agglomération de Lyon).

Motivation et préparation identique à l’écriture de Monsieur Cool. Choix du héros, des personnages, de l’aventure etc … Travail collectif à l’identique. Pour le découpage, la technique utilisée a été différente. J’ai mené plusieurs séquences avec la classe sur le nanoréseau de l’école sur un logiciel d’écriture intitulé « contes ».JPEG - 29.4 koLe principe est simple, un conte est découpé en séquences, chaque séquence donne lieu à des choix par les élèves, le conte est ensuite produit par le logiciel.

Le schéma narratif est celui de la quête.

Ainsi on détermine :

- Un lieu ou se déroule l’action,

- Un héros, avec des qualités physiques, des qualités morales, des défauts

,- Des amis du héros,

- Des ennemis du héros,

- Une épreuve rencontrée par le héros,

- Une deuxième épreuve,

- L’acte final,

- Le dénouement.Les élèves ont ainsi réalisé plusieurs contes, le logiciel produisant au final des récits cohérents suivant une trame ordonnée.JPEG - 39.9 ko

C’est tout naturellement cette trame qui a été adoptée, le découpage entre les phases de la quête distribué aux élèves par groupes de deux à quatre maximum.Le livre a été réalisé en un mois environ. Il n’a pas eu les mêmes prolongements que Monsieur Cool, cette année-là la direction était prenante et monopolisait l’essentiel de mon temps et de mon énergie…

Avr 11, 2006 - Côté professionel    No Comments

refonder l’OCCE ?

L’OCCE occupe la position qu’il a actuellement parce qu’il a capté le marché de l’argent de l’école.Aurais-je dû préciser : « a su » capter ou bien « a pu » capter ?La composante économique est un des axes fondateurs du mouvement : en 1922, alors que le mouvement associatif est essentiellement représenté par la Ligue de l’Enseignement fondée par Jean Macé, une Commission Nationale de l’Enseignement de la Coopération est créée par la Fédération Nationale des Coopératives de Consommation.
Deux courants s’opposent alors : Emile BUGNON, fondateur des « Coopératives de Lorraine », sous l’impulsion de Charles GIDE, pensait utiliser les coopératives scolaires pour pallier les insuffisances économiques. Barthélémy PROFIT, sans rejeter les idées de son collègue inspecteur, souhaitait leur donner une part d’autonomie par rapport à la Fédération Nationale des Coopératives de Consommation. Il n’hésitait pas à parler de « cette petite république qu’est la coopérative ».1928 voit la naissance d’un Office Central des Coopératives Scolaires devenu, en 1929, l’Office Central de la Coopération à l’Ecole. C’est une association nationale, régie par la loi de 1901, dont le président, le premier de l’O.C.C.E., sera Emile BUGNON.Les successeurs de ces deux pionniers de la coopération scolaire surent allier ces deux tendances : l’entreprise de production marquée par l’initiation aux problèmes économiques et « l’école organisée socialement » en y ajoutant, avec l’apport de Célestin FREINET, une troisième dimension : la transformation de l’école traditionnelle en une école moderne où les valeurs pédagogiques prennent toute leur importanceAinsi donc dès le départ l’axe de gravité de l’OCCE oscille entre la dure réalité économique et le volet pédagogique qui émerge et se structure autour de l’école nouvelle.Un équilibre et un consensus s’établira alors progressivement faisant de la gestion des petites sommes des coopératives scolaire un outil au service d’une nouvelle forme de pédagogie. L’OCCE, mouvement « subversif » mais utile s’intalle au coeur de l’école.Cette situation a perduré jusqu’aux années 80 mais deux éléments sont venus progressivement changer la donne.Sur un plan pédagogique l’institution a, en grande partie, intégré dans ses pratiques ce qui faisait l’originalité des principes et des pratiques de l’école nouvelle. Dans les années cinquante l’instit qui produisait un journal de classe avec ses élèves qui démontait son estrade et organisait des moments de parole, qui faisait écrire des textes libres … apparaissait comme une sorte d’hurluberlu…
De nos jours tout ceci est devenu la norme !Le deuxième élément c’est l’accroissement des flux financiers qui transitent dans l’école avec comme corollaire le vide juridique et sidéral qui accompagne ce mouvement : aucune structure prévue pour gérer ces sommes.
Tout a baculé quand, au fil des années, on a changé d’échelle : les sommes d’argent transitant dans les « coopératives « ont évolué de manière exponentielle…
Pemettez moi de m’appuyer sur une anecdote pour illustrer mon propos : au début des années 90 je prenais la direction d’une école élémentaire à la suite d’un collègue qui partait en retraite après avoir effectué toute sa carrière dans cette école… Au moment de la traditionnelle passation des consignes , à un moment de nos échanges le voici qui m’annonce « tiens voilà la coopérative »… la coopérative en question c’était une boite en carton, vous savez une de ces petites boite bien solide destinée à l’origine à contenir du papier photo kodak.La coopérative c’était ça : une « jolie boite « (elle était recouverte de papier peint) et qui contenait quelques pièces de monnaie…
On est passé de cette situation : petite sommes résultant du travaux d’élèves aux flux financiers d’argent public, subvention municipales, académique voir fonds européens … Dans une école on gère des contrats de maintenance, des emplois, des transports, de l’argent public …La limite avec la gestion de fait est souvent ténue…Et pour supporter légalement tout ça …Rien…Sauf le débouché naturel de la coop …Et ce qui devait fatalement arriver… est arrivé.
Ce qui n’était au départ qu’un instrument au service dun mouvement pédagogique, est devenu une finalité en soi UN OUTIL DE GESTION coupé dans l’esprit d’une immense majorité de son origine pédagogique.
La réalité c’est que l’OCCE est devenu la banque de l’école… pour la majorité de ses « adhérents »adhérents à un mouvement ? Non adhérent à un service …L’activité principale de toute association départemental ce n’est plus la pédagogie, c’est la gestion. On est dans une telle politique de l’autruche à tous les niveau que l’on peut se permettre de gérer approximativement tous ces flux financiers. Le contrôle des comptes, les bilans financiers justes ? tout ceci n’est qu’une gigantesque farce !Disant cela je ne dis pas que les gestionnaires de coopérative, directeur d’école pour la plupart sont des truands et des escrocs .. Non bien au contraire il faut faire une différence entre « incompétence » totalement justifiée et malversation.Le système tient grâce au dévouement et aux efforts sans limite des collègues, les malversation existent ,elles sont à la marge et jouissent de l’impunité (les rappels douleureux sont ils nécessaires …)mais cette réalité, l’OCCE ne veut pas la reconnaître clairement… On continue d’avancer derrière le masque du mouvement pédagogique…Une réflexion sur le mouvement ??? Oui à la limite en petit comité, de manière confidentielle dans les Journées Fédérales avec des comptes rendus en accès limités… Mettre tout ça au grand jour sur la place publique largement ouverte … vous n’y pensez pas ! Nous sommes un mouvement pédagogique !!! Et allons y d’une nouvelle université d’été…Et on continue de détacher des enseignants pour assumer des tâches pour lesquelles dans la majorité ils ne sont non seulement pas compétents et c’est normal mais pour lesquelles ils n’ont aucun goût ou intérêt…Heureusement ou malheureusement pour eux il y a encore des collègues qui y croient encore, pour qui l’OCCE c’est la coopé avec les gamins dans la classe ou l’école mais leur fait acquitter, comme aux autres, une cotisation de plus en plus élevée destinée à faire fonctionner une grosse machine administrative au rendement médiocreAdhérer à l’OCCE revient en fait souscrire une assurance pour « faire tourner » son école … gérer les comptes au mieux avec l’assurance qu’en cas de pépin on evacuera le problème vers l’association départementale…Oh mais on ne dit pas les choses comme ça ! On ne l’avoue pas on clame haut et fort le contraire et on agite le hochet de quelques bonus : la rencontre machin, le concours bidule, le prêt de la valise truc qui n’intéresse plus personne … à quoi bon traverser le département pour obtenir en prêt ce que l’on a déjà dans l’école ou à la circonscription ? Ah oui ! si quand même ! on peut gratter un peu d’argent sur un projet, il suffit de badigeonner un peu de « coopératif » sur un vague formulaire … de toute façon s’il y a un contrôle dans l’école ce sera sur les comptes pas pour passer un moment avec les gamins pour discuter du projet pédagogiques.Le temps est venu de balayer les hypocrisies : on se gargarise (moi le premier !) de nos 4,5 millions d’adhérents … mais combien sont-ils parmi nos 4,5 millions d’adhérents à savoir qu’ils sont membres de l’OCCE ???Alors on tente de se rassurer en se convaincant que oui , certes, on est perçu comme un service bancaire … mais que finalement, voyez vous … et bien ça nous permet de financer des actions des activités coopératives et tout ça …Tout cela n’est pas entièrement faux … mais franchement ???Permettez moi encore une digression : quand je suis arrivé en Turquie j’ai eu le plaisir de trouver dans mon école une coopérative dont mes collègues m’ont annoncé triomphalement que j’en étais le président… Bon très bien, voilà qui m’amenait en terrain connu !Naturellement une coopérative non adhérente à l’OCCE (à l’époque où je faisais partie du groupe de travail sur la réforme des statuts et sur la circulaire de 48 nous avions cherché en vain la possibilité de permettre l’adhésion des établissements de l’étranger…)Bien, qu’est ce que c’était cette coopérative ? Et bien un grand fourre tout : des intentions affichées de mise en oeuvre dans l’école, avec les enfants, d’un projet d’éducation citoyenne fondé sur des principes coopératifs mais surtout une solide entreprise économique, à savoir la gestion des activités périscolaires. (Les cours finissant à 13H 30 il fallait bien occuper les gamins l’après midi …) Donc un très gros budget (presque une école bis) avec salaires, location de salles, matériel etc … Oh bien sûr, des bénéfs reversés à l’école et pour emballer le tout des statuts vaguement calqués sur une coop OCCE (avec un élève« président »)…Quel a été dès lors mon action ? Et bien clairement séparer les structures en les dotant chacune de statuts appropriés :
- une « vraie » coopérative d’élèves avec ses propres statuts et un objectif clairement affiché : vivre la coopération dans l’école. Avec au passage un volet économique mais géré par les enfants avec leurs moyens au service de leur propre projet.
- une coopérative d’adultes avec les parents et les instits et un objectif clair : faire « tourner la boutique, », dégager du bénéf et le réinvestir dans l’école.
En clair ne pas mélanger les genres… Avant mon départ j’en étais déjà sur cette démarche : coop de classe/coop d’enfants/ outil pédagogique, et coop d’école coop d’adultes/outil de gestion.Donc j’en reviens à la situation actuelle :Devons nous continuer à entretenir la confusion et à fonctionner comme nous fonctionnons ?Devons nous rester suspendus à des décisions gouvernementales pour pouvoir exister et nous partager les moyens au prix de discussions « coopératives » (…)
Je pense qu’il est possible d’obtenir notre indépendance et notre autonomie.Pour cela toutes choses identifier et séparer clairement les structures au sein d’une seule fédération :
· un mouvement pédagogique clirement identifié au service de la pédagogie coopérative, association d’enfants…
· un organisme de gestion coopératif d’école au service d’adultes pour le fonctionnement de l’école. Reconnu comme tel et intégré dans l’institution…
Pour le premier des détachés enseignants qui ne se soient pas des « professionnels à vie de l’OCCE » et qui viennent épauler le travail des militants et des bénévoles qui, désormais libérés de toute contrainte financière, se consacrent uniquement à la pédagogie. Pas de détaché à mi temps non plus mais des missions qui n’excèdent pas deux à trois ans avant retour vers le terrain … Dans un premier temps s’ils doivent être moins nombreux, qu’ils soient affectés prioritairement pour accompagner les projets forts ou les AD en panne de projet coopératifs… Pour le deuxième des personnels privés qualifiés dans le domaine juridique comptable et bancaire, pas des pédagos mais formés aux besoins spécifiques de l’école. Des personnels qui puissent répondre précisément aux besoins des écoles en allégeant au maximum la tâche des directeurs les premiers concernés par les charges de gestion. Et nous disposons déjà de personnels compétents ! Ces structures départementales dépendraient directement de la fédération à Paris… comme c’est déjà le cas pour tout ce qui concerne les comptes, le contrôle, les cas litigieux etc. Au passage que la Fédération soit elle aussi étoffée en personnels privés.Que cette deuxième forme d’organisation conserve clairement une forme associative et coopérative, mais à destination des adultes .
Pourquoi associative ? Et bien, ne nous leurrons pas la transformation des écoles en EPLE dotés d’une autonomie financière fait certes son chemin mais le couvercle est très lourd à soulever. Le poids des communes , le tissu qui fait la France ne se déchirera pas comme ça… et il faudra encore du temps…C’est pourquoi, je reste convaincu que l’organisation associative constitue une réponse appropriée dans le contexte actuel.La deuxième étape consistera à étoffer le champ d’action de cette structure, la marge de progression est grande … il y a bien plus de 4,5 millions « d’adhérents » potentiels … Dans un troisième temps les moyens dégagés par la gestion des écoles permettraient de financer des détachés pour animer les projets des coopés d’enfants … les vraies … et de fournir des subventions aux projets coopératifs.En conclusion je pense que le moment est venu de transformer en profondeur l’OCCE :
- de briser l’amalgame et de reconnaître qu’il convient de traiter de manière différentes les coopés des enfants et la gestion de l’argent dans l’ école,
- d’accepter le principe de remplacement des MAD par une subvention et contre la reconnaissance et le soutien institutionnel de la structure « gestion de l’argent de l’école ».
- d’affecter cette subvention au recrutement de personnels privés,
- d’étendre le champ d’action de cette structure,
- de réaffecter progressivement des détachés aux AD sur fonds propre et pour des missions à caractère pédagogique exclusivement.
- De redonner du sens aux coopératives d’enfants dont les cotisations ne seraient plus que symboliques et l’objet pédagogique.En fait je me suis suis souvent posé la question : et qu’arrivera t-il le jour où une structure « X Y » proposera aux écoles un support légal, simple, bon marché doté d’un soutien pour assurerla gestion de l’école ???
Avr 6, 2006 - Côté professionel    No Comments

Rapport de fin de mission Ankara 2000/2004

Lycée Charles de Gaulle d’AnkaraMarc Jamois,Directeur des classes primairesmarc@jamois.netMadame la Directrice de l’A.E.F.E.S/c Monsieur le Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle, Ambassade de France à AnkaraS/c Madame le Proviseur du Lycée Charles de Gaulle.Copie :Madame l’Inspectrice de l’Education Nationale, circonscription de l’Europe du Sud EstAnkara le 21 juin 2004

Objet : Rapport de fin de mission.Je vous prie de trouver ci- joint mon rapport de fin de mission.Ce document fait suite à mon rapport d’arrivée au poste du (2000) et à mon rapport intermédiaire (2002)

1 – Contexte initial difficile :1 -1 Le contexte initial :J’ai été nommé, en toute connaissance de cause, en septembre 2000 dans cet établissement dans des conditions que l’on m’avait présentéescomme s’annonçant délicates dans la mesure où je succédais à undirecteur résident alors même que ce dernier, jouissant du soutien deson équipe pédagogique, était maintenu sur un poste d’enseignant dansl’établissement.trong>1 – 2 Difficultés de la prise en compte de la nature de l’établissement :Lorsque je suis arrivé en poste, j’ai éprouvé une certainedifficulté pour appréhender la nature réelle de cet établissement :établissement français, établissement bilingue … (Cf. mon rapport d’arrivée au poste).

1 – 3 – Les difficultés matérielles :Je me suis heurté au début de la mission à une succession de difficulté d’ordre matériel liées à l’installation en Turquie. Affirmer que j’ai été mal accueilli serait faux… Je n’ai pas été accueilli du tout. Venant de mes collègues et compte tenu du contexte, je n’étais pas en droit d’attendre autre chose qu’un « service minimum », ce qui fut le cas. Venant du poste le service d’accueil s’est résumé à me fournir des coordonnées de transitaires ou d’intermédiaires agissant contre « monnaie sonnante et trébuchante » ou pire à me donner de fausses informations qui m’ont conduit directement devant les tribunaux (importation de mon véhicule). J’ajoute qu’au départ, l’Agence ne m’avait fourni aucune information fiable pour la délivrance et l’obtention de visas de travail et que j’ai dû faire face « avec les moyens du bord »… Je rappelle néanmoins que j’étais présent en temps et à l’heure pour ma prise de fonction.

Deux éléments m’ont permis de surmonter ces difficultés :

:- L’expérience professionnelle :je connaissais le modus operandi d’une école de l’étranger, le contexte, les interlocuteurs… Je disposais des repères nécessaires pour agir

.- Une cellule familiale solide :isolé dans une ensemble de difficultés matérielles et morales, seul le soutien de la cellule familiale m’a permis de m’affranchir des difficultés quotidiennes pour me concentrer sur ma missionProblème soulevé par l’absence de statut juridique de l’établissement dans le pays : Le lycée Charles de Gaulle en tant que tel n’a aucune existence légale dans le pays d’accueil. Il se présente officiellement comme un service de l’Ambassade France dont l’intitulé exact est « section d’enseignement à programme français de l’Ambassade de France en Turquie » .Ceci pose le problème du statut des personnels expatriés et résidents. Fonctionnaires français, employés par l’A.E.F.E. pour servir dans le cadre du service d’une Ambassade, ces personnels devraient logiquement être rattachés aux personnels techniques de cette dernière.Or il n’en rien, nous sommes donc contraints en conséquence de perdre beaucoup de temps pour effectuer chaque année des démarches fastidieuses de renouvellement de permis de travail, et d’accomplir desformalités douanières (véhicules personnels, déménagements) … et le tout au moment de la rentrée scolaire …

2 – Quelques points essentiels concernant la mission :2-1 Travailler avec une équipe ou en équipeL’équipe pédagogique :Un des atouts essentiels de cette école repose sur la qualité de son équipe pédagogique. Qualités pédagogiques entretenues et confortées par la présence très proche de l’I.E.N.Constitué d’individus aux personnalités très fortes l’animation de ce groupe fait appel à une stratégie permanente d’écoute et de médiation. La cohabitation avec l’ancien directeur s’est résolue trèsvite, nous avons trouvé rapidement un terrain d’entente et de collaboration .

Conséquence sur la durée de la mission du directeur :La nomination d’un expatrié pour un ensemble de personnes résidentes, implantées en Turquie pour la plupart depuis longtemps, était mal vécue. Je ne pouvais être perçu, au départ, que comme l’intrus qui ne « comprenait rien aux réalités locales de l’établissement », puis la situation s’est normalisée peu à peu.Ceci constitue un élément de réflexion : le nouveau directeur arrive avec des idées et des propositions nouvelles, dans un premier temps, il se heurte au mur du conservatisme, puis parvient à faire passer desnouveautés et à son tour se retrouve en quelque sorte « phagocyté » par le groupe.Seul élément mobile du groupe,une durée de mission du directeur de six ans me paraît excessive.

2-2 : prise en compte de la spécificité de cet établissementLes difficultés de perception de la réalité de l’établissement m’ont conduit à penser que seule la mise en place d’un projet pédagogique clair, fort s’appuyant sur une communication solide pouvait résoudre ceproblème.

Remarques annexes :A – Considération sur l’articulation du projet d’école et du projet d’établissement : le projet d’école a constitué pour moi un support de travail essentiel pour faire avancer l’école. Le problème de son articulation avec le projet d’établissement s’est posé dès le début et se pose encore : projet unique, projet à « deux étages »… les approches divergent .A l’occasion du séminaire des directeurs des écoles de la zone en 2002 un long et fructueux débat avec un collègue proviseur m’a permis de mieux cerner la différence qui existent entre les deux démarches …B – Les cours particuliers : le faible niveau des enfants en français conduit les parents à demander de cours particuliers. Souvent donnés par des enseignants de l’école à titre privé cette situation conduit parfois à des situations embarrassantes.Pour résoudre ce problème une solution pourrait consister à institutionnaliser les cours particuliers. Les élèves en difficulté devraient être signalés et suivre un soutien obligatoire qui se déroulerait à l’école encadrés par des enseignants de l’établissement en dehors des heures de cours. Cette procédure permettrait de concilier un bon degré de qualité de l’enseignement et une meilleure transparence.

C – Effectifs et politique d’admission à l’école et conséquence pour le pilotage de l’établissementUne des principales difficultés concernant le pilotage de cet établissement se situe au niveau du calibrage de ses effectifs.Deux facteurs essentiels sont à prendre en considération :Le projet de construction du nouveau lycée qui définit une taille et un effectif de l’établissement,La forte demande de familles turques non-francophones de scolarisation à l’écolePartant de ces deux constats il convient d’avoir en permanence le souci de réguler finement les admissions à l’école…Une constante cependant s’est dégagée ces dernières années : le renforcement de ce que mon prédécesseur a qualifié de « noyau », c’est à dire d’élèves turcs non mobiles, non issus de familles de diplomates et donc appelés à suivre toute leur scolarité à Ankara, de la maternelle jusqu’au Baccalauréat.L’action du directeur dans ce domaine est déterminante : c’est lui qui reçoit les familles et leur expose les enjeux et les conséquences qu’entraîne la scolarisation d’un enfant turc dans un établissement français non reconnu officiellement par les autorités turques…Cette forte composante de l’effectif m’a conduit à :Développer des stratégies pédagogiques inscrites dans le cadre du projet d’école et s’appuyant sur des références aux programmes et instructions officielles d’une école « normale » c’est à dire, en clair, s’abstenant de toute références au F.L.E . et ne faisant appel à aucun. dispositif d’intégration spécifique.Imposer un système de réorientation vers le système turc beaucoup plus strict à la fin de la maternelle / fin du CP afin d’éviter de retrouver des enfants en position d’échec et d’impasse en fin de scolarité primaireEnfin à faire preuve d’imagination : quand les solutions n’existaient pas il fallait les inventer !

Quantitatif/qualitatif :Concernant le mode de sélection des candidatures actuellement en vigueur :Nous travaillons sur une notion qualitative, c’est-à-dire que nous nous efforçons de sélectionner les élèves sur des critères fondés sur la qualité de la francophonie de la famille. Il apparaît parfois que ce mode de sélection n’est pas satisfaisant, un enfant turc, non issu d’un milieu francophone, peut parfois mieux réussir dans la mesure où il est soutenu par un engagement fort de sa famille.C’est le soutien et la motivation de la famille qui sont porteurs du succès du projet et gages de réussite.Dans ces conditions, plutôt que de sélectionner un minimum d’élèves sur des critères de « pseudo francophonie », il faudrait inverser le processus et admettre un maximum d’enfants de niveaux petite, moyenne et grande section et de fixer un numerus clausus pour l’admission en CP (avec examen et tests de niveau).

Ce système présenterait l’avantage :

- D’admettre en CP des enfants turcs ayant un bon niveau de français,De réorienter ipso facto les enfants turcs en difficulté vers le système scolaire turc et leur assurer une réinsertion au meilleur moment,

- De stimuler les familles, de ne pas laisser la vague impression que « les choses pourront peut-être s’arranger au fil du temps », situation qui conduit à de véritables « drames pédagogiques » dans la mesure où seretrouvent ainsi des enfants en échec scolaire dans les deux systèmes : turc et français.

C – Problème posé par la multiplication des organes de décisions et de régulation :

- conseil de gestion

- conseil d’établissement

- conseil d’école

- conseil de coopérative…

la liste est longue !La juxtaposition de ce qui en France constitue quatre établissements distincts : école maternelle, école élémentaire, collège et lycée, dotés chacun de leurs propres organes de régulation conduit dans un établissement comme le nôtre à une multiplication et une juxtaposition des organes de décision où il est bien difficile de se retrouver…Une réflexion sur la rationalisation de cet ensemble devrait à mon sens être mené au sein de l’Agence pour redéfinir des organes spécifiques de décision et de régulation adaptés à nos établissements.

2-3 Trouver sa place dans l’établissementDirecteur sous l’autorité d’un proviseurLorsque j’ai pris mon poste, je savais que j’allais travailler sous « l’autorité d’un proviseur » :A Ankara, compte tenu de la séparation géographique des deux sites : école et lycée, il faut en permanence concilier autonomie de fait de l’école et fonctionnement hiérarchique.A mon arrivée réagissant en « directeur autonome », j’ai été surpris par bon nombre de carences au niveau de la gestion administrative de l’école. J’ai immédiatement mis en place un certain nombre d’outils quime semblaient essentiels : informatisation d’un fichier élève, ouverture d’un registre de sécurité, mise en place de comptabilités etc.J’ai eu la chance de travailler avec deux proviseurs aux personnalités très différentes mais qui m’ont accordé leur confiance et délégué une large part d’autonomie. En retour, je me suis toujours efforcé de rendre compte scrupuleusement de toute action et événement relatifs à l’écoleDès lors la difficulté a consisté à concilier organisation, prises de décisions pour l’école et respect de la structure hiérarchique.Souvent j’ai dû renoncer à prendre des initiatives à chaud par respect pour la voie hiérarchique. Toutes les propositions et avancées que j’ai pu mettre en avant l’ont été après avis et accord du proviseur.

2-4 Les tâches directeur dans ce type d’établissement :La logique voudrait que le directeur se cantonne dans un rôle pédagogique au sein de l’école.Certes la réflexion pédagogique a constitué l’axe principal de mon action et de ma réflexion au cours de cette mission, mais elle a été largement occultée par les tâches administratives, comptables et relationnelles.Le relationnel occupe dans ce type de poste, que l’on soit en France ou à l’étranger, une part essentielle de notre travail. A l’étranger et à Ankara en particulier il est revêt un caractère encore plus important et devient « grand consommateur d’énergie »… Au sein d’une équipe, je le rappelle, très motivée et compétente mais où de fortes dissensions apparaissent, conserver un climat de calme réclame une attention de tous les instants une faculté d’écoute et le recours à des médiations permanentes. En direction de la communauté scolaire, faire cohabiter une minorité de parents français qui « sont chez eux » dans cette écolemais où sont présents une majorité de parents turcs, la plupart non francophones suppose également des efforts de communication et d’explication permanents.Je crois cependant pouvoir affirmer que pendant ces quatre années scolaires les classes primaires ont fonctionné sans heurts et en bonne entente.Etre directeur de l’école d’Ankara on l’a vu c’est mener une réflexion permanente avec le proviseur sur la politique de l’établissement et agir concrètement en conséquence, animer et conduire une équipe pédagogique, gérer des flux financiers importants mais c’est aussi accomplir au quotidien un ensemble de tâches matérielles :Recevoir et accueillir les parents et répondre à toutes les sollicitations extérieures et intérieures,Répondre au téléphone et assurer le standard téléphonique,Assurer le secrétariat de l’école : lettres, fax, email …Effectuer le suivi des rapports des conseils de maîtres, de cycle, d’école…Surveiller les entrées et sorties en veillant à la sécurité, être présent à la sortie des classes,Assurer des surveillances de recréations,Superviser et organiser le travail des agents de service,Effectuer la maintenance des moyens informatiques et de communication : réseau, site Internet.et ne l’oublions pas : assurer des heures d’enseignement !!!… le sans aucun support administratif … Dans ces conditions le choix pédagogique/administratif est un faux problème, la bonne marche de l’établissement impose une prise en compte de toutes ces tâchesmatérielles.

3 – Les acquis :Au terme de ces quatre années je pense avoir l’essentiel des buts que je m’étais fixés :Avant tout préserver un climat de travail efficace et serein s’appuyant sur un projet pédagogique clair et bien identifié.Une politique de communication claire, une information la plus détaillée possible essentiellement en direction des nouveaux parents d’élèves,La mise en place d’une gestion informatisée des effectifs de l’école, l’utilisation intensive de listes de diffusion via Internet au service de la communication externe et interneLa mise en place du site WEB des directeurs d’écoles de la zone,La mise en placet la gestion d’un réseau informatique pour les élèves,La réorganisation complète du circuit de l’argent dans l’école : avec l’établissement d’une régie d’avance pour les crédits du lycée et la restructuration de la coopérative scolaire.Les flux d’argent sont important plus 75 milliards de Livres turques soit 42 000 € pour la coopérative scolaire , 14 000 € pour la régie d’avance . Et le tout sous forme, très souvent, de petites sommes, ce qui impose de nombreuses écritures comptables.Refonte et rédaction des statuts et règlements concernant la coopérative scolaire et la gestion des activités périscolaires .Gestion au quotidien des activités périscolaires (une école après l’école ?)Refonte et mise à jour régulière du site WEB de l’écoleOptimisation du dispositif de recrutement des enfants à l’école élémentaire : organisation du circuit de recrutement impliquant les enseignants, rédaction de documents et formulaires, préparation et suivi de la commission de recrutement.

4 – Conclusion :Je quitte ce poste à ma demande avec le sentiment d’avoir effectué l’essentiel de ce qui m’était demandé.J’ai exposé dans un précédent courrier les raisons qui m’incitaient à demander ma réintégration. Pour conclure sur une note d’ironie amère, je reviens un instant sur l’une des raisons qui m’y on conduit,c’est-à-dire le fait que la position de directeur d’école d’un établissement dépendant de l’A.E.F.E ne puisse être prise en compte et reconnue au même titre que celle dépendant du Ministère de l’Education Nationale en vue de se présenter à un concours interne de l’Education Nationale.Ceci constitue une anomalie et une discrimination qu’il conviendrait de rectifier au plus vite….Enfin quoi !… N’aurais-je été pendant quatre ans que le directeur d’une sorte de village de vacances ???

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