Mai 29, 2006 - Côté professionel    4 Comments

Tentative d’analyse d’un double échec.

Concours de chef d’établissement deuxième classe

Le concours de chef d’établissement est un concours difficile. Tout concours se prépare et celui ci n’échappe à la règle.

Mais puisqu’on en n’est dans les lieux communs, il en en est un qu’il convient d’évacuer au plus vite et qui consiste à croire « que l’on manque de chefs d’établissements, et que, par conséquent, il ne doit pas être bien difficile d’être admis ».

Faux ! Le métier est certes difficile mais les candidats au concours sont nombreux et d’autre part le nombre de postes offert au concours est en régression depuis trois ans.

Par conséquent l’idée de se présenter à ce concours « la fleur au fusil » en dilettante est une idée qu’il convient de proscrire sans délai …

Que dit le BOEN :

Le concours, dont le but est d’apprécier les aptitudes des candidats à l’exercice de leur futur métier, comporte deux épreuves :

L’épreuve d’admissibilité :

Elle repose sur l’examen d’un dossier, qui comprend, outre les renseignements administratifs, un historique de la carrière, une lettre de motivation faisant apparaître la diversité des expériences et une fiche d’avis hiérarchique sur votre candidature.

L’épreuve d’admission :

Elle est constituée d’un exposé et d’un entretien avec le jury, destinés à évaluer vos connaissances professionnelles, en prenant appui sur l’étude d’un cas concret relatif à la mise en oeuvre de la politique éducative dans un établissement scolaire, apprécier votre motivation, vos aptitudes, votre sens du dialogue et de la communication. Préparation : 2h ; exposé : 15 minutes ; entretien : 45 minutes.

Il convient de préparer soigneusement ce concours, d’une part sur le fond et d’autre part sur la forme et pour cela il est impératif d’acquérir une méthodologie propre à cette épreuve.

A la lecture des conditions de l’examen on est tout d’abord un peu perplexe : deux heures de préparation paraissent une durée un peu longue pour exposer un cas concret à l’oral… en fait il n’en n’est rien.

En poste à Ankara, dans le lycée français mais dans la section primaire je me suis inscrit à la préparation du CNED.

Je ne regrette pas et je pense que la préparation dispensée par le CNED permet réellement d’acquérir une bonne méthodologie, de bien se conformer aux exigences de l’épreuve de trouver les bons « timings ».

Partant de « zéro » je pense avoir acquis une bonne préparation aux conditions de l’épreuve. Les quatre devoirs envoyés ont tous été plutôt encourageants, le dernier surtout, le sujet m’étant particulièrement « parlant ».

Admissible, je me suis donc présenté à l’oral plutôt confiant avec cependant un inquiétude sur le type de sujet qui serait tiré au sort.

Je m’étais plutôt préparé et conditionné en me situant dans un collège et patatras c’est un sujet sur un lycée qui sort…

Je dois avouer que devant ma feuille, j’ai un moment de flottement, et d’interrogation me demandant si je n’allait pas jeter l’éponge immédiatement. Mais c’était trop bête, toute cette préparation, ce long déplacement (je venais depuis Ankara pour me présenter aux épreuves à Paris…)

Alors je me suis raccroché à la méthode, j’ai pu dégager une problématique, construire un exposé.

Devant le jury j’ai « tenu » le chrono, mon exposé a bien duré les 15 minutes et j’ai pu argumenter de manière a peu près cohérente et répondre au questionnement qui suivait.

Mon jury était compréhensif, indiquant que, sans faire l’impasse sur le lycée, j’avais plutôt axé ma préparation en me plaçant en position d’exercer dans un collège, ce dernier a bien voulu recadrer l’entretien sur le collège.

Mais il est évident que j’étais au final un peu « court » sur le fond, sur les fondamentaux, sur ce que l’on pourrait qualifier de « questions de cours » : histoire du système éducatif, grandes réformes. Par exemple à la question « quelles ont été les dernières grandes réformes du collège je me suis lamentablement perdu dans un exposé cafouilleux. Stress de l’examen mais surtout et c’est évident manque de préparation de fond.

J’ai échoué à ce concours parce que j’ai trop axé ma préparation sur la forme et la méthodologie du concours.

En sortant de l’épreuve, sans avoir le sentiment d’avoir complètement manqué mon épreuve je savais que j’étais passé à côté sur trop de choses, je n’ai donc pas été surpris par le résultat… bien qu’on ne puisse s’empêcher de se raccrocher à un secret espoir …

En poussant à fond l’analyse, je ne peux manquer de me poser deux questions :

le fait d’être issu du premier degré est il un obstacle rédhibitoire pour exercer directement dans le second degré ? Le fait d’exercer dans un établissement de l’étranger est-il bien perçu par le jury ?

A la première question, j’ai tendance à répondre par une autre question : qui fera un meilleur chef d’établissement : le directeur d’école qui a déjà traité et vécu bon nombre de situations concrètes et relationnelles auxquelles aura à faire face un chef d’établissement mais qui ne connaît pas bien le second degré ou bien le prof bien au fait du second degré mais totalement ignorant de ces situations ?

D’autre part, une autre constatation : un grand nombre d’IEN qui auront donc pour vocation d’inspecter des enseignants du premier degré sont eux mêmes issus du second degré. Sans que cela ne pose problème. Pourquoi l’inverse ne serait il pas possible s’agissant du concours de chef d’établissement  ?

Je n’ai pas la réponse à ma question, mais je pense quand même que le candidat issu du premier degré sera « un peu plus attendu » par le jury…

Pour ce qui concerne le fait d’avoir exercé à l’étranger le terrain est un peu plus « piégeux ». D’abord et c’est un fait, la perception de l’exercice hors de France par nos collègues qui ne connaissent pas l’étranger est souvent fausse et caricaturale… La pression exercée par les syndicats qui contribuent à imposer un renouvellement accéléré des cadres contribue à renforcer cette image de l’enseignant au soleil qui se remplit les poches…

Cependant je suis persuadé qu’exercer à l’étranger produit un artefact, la sensation que l’on domine beaucoup plus son sujet qu’en France. Il est exact d’affirmer qu’à l’étranger on est amené à exercer des responsabilités accrues dans certains domaines et à aborder des domaines que l’on n’a pas coutume d’aborder en France. Pour autant il est illusoire de s’imaginer que les compétences acquises sont immédiatement transposables à l’exercice en France, souvent pour une simple raison d’échelle…

J’ai donc donc durant les épreuves tenté de limiter au maximum l’exploitation de mes expérience à l’étranger, même si l’exercice était difficile dans la mesure où il s’agissait de faire référence à une expérience concrète du second degré.

Après cet échec, j’ai laissé passer un an. Retour en France mutation sur la Rochelle où je suis affecté sur le poste de chargé de mission TICE au CDDP17.

A priori je ne prévoyais pas de me représenter au concours mais comme je sais que la mission sera de toute façon limitée dans le temps, je me décide in extremis à me représenter.

Je ne modifie quasiment pas mon argumentaire pour l’épreuve d’admissibilité.

Durant le premier trimestre, je travaille pratiquement pas pour préparer le concours.

Je suis de nouveau admissible, il me reste environ un mois avant l’oral.

Je me pose la question sur la pertinence de me présenter à l’oral, pourtant je me lance à fond dans la préparation, nous en sommes en pleine loi Fillon… je travaille mon sujet, je révise les fondamentaux, bref tout ce sur quoi j’ai buté lors de ma première tentative.

Et me voici à l’épreuve. Cette fois le sujet me convient.

Le cas exposé ressemble trait pour trait à une situation à laquelle j’ai été confronté au lycée Charles de Gaulle mais avec une classe primaire, j’ai le sentiment d’avoir vécu et traité ce genre de problème. Je bâtis donc argumentaire précis mais qui prend le contre pied de la position adoptée par le chef d’établissement dans le sujet proposé. En gros je n’aurais pas fait comme lui et j’expose alors en détail en m’appuyant sur les documents fournis quelle aurait été ma position et mon action.

Premier petit « couac », je suis un peu long dans l’exposé, le jury intervient pour me demander de conclure. La suite se passe plutôt bien, je défends ma position, le jury ne semble pas manifester de désapprobation évidente.

Le feu roulant de l’entretien se poursuit , les échanges sont nourris. Je prends garde aux chausses trappes habituelles, cette fois je connais bien mes chiffres !

Au final je ressorts avec une impression de densité dans les échanges, presque de confusion. Beaucoup de choses ont été dites, pourtant il me semble que je m’en sors globalement mieux que la dernière fois.

Quelques jours passent et la sanction tombe : échec mais surtout échec cuisant je ne totalise que 10 misérables points sur 100…

Cette fois j’ai plus de mal à analyser cet échec et surtout l’ampleur de celui ci.

Qu’ai je dit , qu’ai je fait qui ne passe pas ?

J’ai été un peu long dans l’exposé, mais à peine quelques secondes, moins d’une minute …

Je me suis basé sur un cas concret vécu que j’ai transposé et j’ai construit un scénario reposant sur une lecture d’indicateurs qui me semblaient transposables :- lycée de centre ville : parents d’élèves exigeants (id lycée de l’étranger)- classe à examen : classe de CP (apprentissage de la lecture)

J’ai pris le contre pied des positions adoptées par le proviseur mais j’ai expliqué pourquoi et argumenté.

Aurais je commis des erreurs dans la partie « questions de cours » ?

Ai je trop fait référence à l’étranger, je me souviens de quelques réparties vives du chef d’établissement membre de mon jury ?

Il y a un point ou j’ai « séché », il est exact et je ne m’en suis pas caché que je ne connaissais pas la mécanique des remplacements dans le second degré. est sur ce point que s’est focalisé l’opinion du jury ?

Au final je demeure perplexe, je n’ai pas décelé un « décrochage » avec le jury, j’ai le sentiment d’avoir été cohérent et puis surtout placé dans une situation analogue c’est comme cela que j’aurais agi…

Et pourtant la sanction est nette.

Encore une fois ce n’est pas tant l’échec que l’ampleur de celui ci que j’ai cette fois du mal à analyser.

Je suis passé à la toute fin de la session et j’étais le dernier de la matinée, je n’ose pas quand même imaginer une lassitude du jury.

Alors que s’est il réellement passé ou me suis je « planté » ?

Au départ je m’étais fixé trois tentative au concours, au delà inutile d’insister. J’ai déjà épuisé deux cartouches…

Par conséquent la dernière tentative se devra d’être la bonne !

Pour tenter de mettre toutes les chances de mon côté je souhaiterais pouvoir obtenir un poste de « faisant fonction ». Je sais que c’est possible, j’ai lu au moins une fois sur une liste de diffusion sur Internet le témoignage d’un collègue du premier degré qui ayant échoué au concours a obtenu dans la foulée ce type de poste…

4 Comments

  • Les résultats ne comptent pas , l’important c’est la procédure !On marche à l’envers !Ce qui fait que je suis très remontée contre l’institution mais ne peut toujours pas m’empecher de faire mon boulot avec passion !Moi qui voulait donner un virage à ma carrière me voilà résolue à chercher dans le privé !!!En attendant cette fenêtre qui ne s’ouvrira peut être jamais, bravo pour votre cursus et bon courage pour la suite !Géraldine :surprit

  • bonjour,je lis votre article et ne peut m’empecher de faire un // avec mes 2 echecs au cafipemf. Toute personne est un verre à moitié vide et à moitié plein : on dit bien que c’est un concours qui apprécie les capacités à … la proximité des relations dans le 1 er degré fait que si on veut le donner on s’appuie sur le verre à moitié plein et il y a toujours matière… si no ne veut pas le donner on s’appuie sur le verre à moitié vide et on ne le donne pas et il y a toujours matière aussi… nul n’est parfait… et puis la part de subjectivité est réelle…moi je ne me représenterais pas, j’ai compris :rigolo :rigolo

  • merci Géraldine pour votre message…ah le CAFIPEMF ! Voila bien une épreuve particulière difficile exigeante et qu’il convient d’aborder en étant bien conscient des enjeux au risque d’y laisser des plumes et de prendre un sérieux coup au moral…D’abord bien comprendre ce qu’est un maître formateur…Premier point : l’IMF porte la parole de l’institution. ceci a pour conséquence immédiate que tout ce que l’on va montrer au jury au cours de l’épreuve doit se situer au coeur des IO … du moment.Ceci à pour conséquence d’éliminer tout ce qui s’appuie sur une expérience particulière.Combien ai je connu de copains qui se sont cassés les dents en montrant des séquences articulées sur sur des pratiques de classe “hors normes”… La conséquence c’est un échec très mal ressenti : la séquence se passe bien, les gamins apprennent mais le jury vous renvoie dans les cordes et alors c’est le sentiment d’être incompris “ils ne m’aiment pas”…Deuxième point il ne suffit pas d’être un bon insit, le CAFIPEMF exige une analyse de pratique. Il faut être capable de prendre suffisamment de recul pour décortiquer et mettre à plat sa pratique de classe et ça c’est un exercice bougrement difficile !Mais tout ceci n’est pas simple, des aspects relationnels entrent en jeu… Autrefois, le plus souvent, on ne passait pas le CAFIPEMF de son propre chef, c’est l’inspecteur qui vous repérait et vous poussait à passerl’épreuve… C’est un peu moins le cas maintenant, n’empêche qu’il est important “d’être un peu connu” dans la circonscription… L’impression “d’adoubement” plane un peu…Ce qui est dur à avaler dans cette épreuve c’est qu’encore une fois on peut être un excellent maître dans sa classe, être très apprécié de tous, enfants, parents collègues voir même son inspecteur ! et se faire rétamer comme une vieille chaussette. On a beau s’y préparer, le choc est souvent dur et les dégâts importants…Voilà pourquoi il est important de bien comprendre ce qui s’est passé. Seul ce n’est pas évident, on ne voit pas forcément où se situe l’erreur… écrire permet parfois d’aider à “faire sortir les choses”…Au fond je suis d’accord avec vous inutile d’insister si l’on est certain d’aller à l’échec parce que tout simplement on n’est pas fait pour ça… Encore faut il en être sur !

  • Je pense avoir trouvé la réponse à ma question :Qui fera un meilleur chef d’établissement : le directeur d’école peu au fait du second degré mais ayant déjà traité et vécu bon nombre de situations concrètes et relationnelles auxquelles est confronté un chef d’établissement ou bien le prof bien au fait du second degré mais totalement ignorant de ces situations ?… l’erreur consisterait à penser que le métier de chef d’établissement est le prolongement ou l’évolution directe de celui de directeur d’école ou de professeur.Non !En fait directeur d’école, professeur, chef d’établissement : nous sommes en face de troismétiers différents.Autrement dit il ne suffit pas d’être un bon directeur ou un bon prof pour devenir un bon chef d’établissement. Il faudra certes puiser dans les ressources des deux métiers mais il faudra surtout acquérir des compétences nouvelles pour composer un nouvel ensemble …Ceci étant posé on entre ensuite dans le “non dit”, issu du premier degré on ne peut s’empêcher depenser que l’on s’aventure sur un territoire qui n’est pas le sien… et que par conséquent “on est attendu”…Tout ceci reste très subjectif…

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dacosavoile

 
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